Libre-échange : tension commerciale entre le Maroc et la Turquie

Libre-échange : tension commerciale entre le Maroc et la Turquie

Après le textile, voici l’acier comme autre source de tension commerciale entre le Maroc et la Turquie. Le différend commercial entre le Maroc et la Turquie entre dans un autre cycle toujours à propos du rééquilibrage où les deux pays ont mis en œuvre  depuis 2014. Aujourd’hui le Maroc se plaint d'un important déséquilibre de la balance commerciale bilatérale et a déjà annoncé des mesures de protection pour sa propre industrie sidérurgique en 2014. Il accuse la Turquie d'avoir inondé le marché marocain de produits en acier qui auraient été fabriqués à des prix de dumping. À la fin de l'année dernière (2019) et dernièrement, le ministre du Commerce Moulay Hafid Elalamy a clairement indiqué à son homologue turc lors d'une visite à Ankara que le Maroc ressentait des obstacles bureaucratiques et des lois entravant son entrée sur le marché turc avant d’annoncer des mesures de protection pour le pays. Et parmi les mesures, M Elalamy n'a pas exclu une sortie de l'accord bilatéral de libre-échange. Pour rappel, e Maroc n'a introduit des tarifs spéciaux sur les textiles turcs qu'au début de l'année 2019.

À la suite de l'échec des consultations entre la Turquie et le Royaume, Ankara a déposé une plainte auprès de l'OMC en octobre 2016 pour demander la procédure de règlement des différends. Le tribunal arbitral de l'OMC, qui est composé d'experts sélectionnés, est une sorte de tribunal chargé d'émettre des décisions de justice pour régler les différends entre les membres de l'OMC. Fin octobre 2018, l'OMC a conclu que les mesures antidumping du Maroc contre l'acier turc n'étaient pas justifiées et n'étaient pas conformes aux dispositions de l'accord antidumping . En novembre 2018, le Maroc a annoncé qu'il contesterait la décision. Le 4 décembre, l'OMC a annoncé que le Maroc retirerait son appel et  disposait alors de 30 jours pour retirer les mesures de protection prises. Mais ces mesures prises par les autorités du pays ne sont pas encore effective.

Le gouvernement esseulé

Toutefois, le gouvernement et le ministère du Commerce subissent les pressions des acteurs du secteur du pays qui déclarent que la concurrence turque ne peut être combattue car la Turquie soutient la production d'acier séparément et peut donc l'offrir à des prix dits de dumping. Par contre, les entreprises sidérurgiques ont exigé un soutien et une protection similaires contre l'acier supposé bon marché. De tout ce différend, l'OMC a constaté que la Turquie ne violait pas l'accord de libre-échange et l'interdiction de dumping de l'Organisation mondiale du commerce. La sidérurgie marocaine est donc soupçonnée de ne pas être simplement compétitive. Il est important d'analyser si cela est dû aux conditions-cadres au Maroc ou s'il y a des échecs propres.

La Turquie déplore le manque de perspicacité du Maroc

La Turquie a rappelé l'OMC car le Maroc n'a toujours pas mis en œuvre le verdict du tribunal arbitral. La Cour d'arbitrage de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), selon Telquel, s'est à nouveau prononcée le 8 janvier 2020 en faveur de la plainte de la Turquie contre les prétendues mesures antidumping du Maroc dans le secteur de l'acier

Le Maroc dispose de 30 jours pour informer le tribunal arbitral de la marche à suivre. Il y a un risque d'amendes en cas de non-respect. Pour rappel le 27 septembre 2019, le ministère du Commerce et de l'Industrie a annoncé l'introduction d'une mesure de protection pour les importations de tôles laminées à chaud. Cette mesure remplace les mesures antidumping en vigueur depuis 2014, qui font l'objet de la plainte turque auprès de l'OMC.

Avec les cahiers tunisiens, le textile ensuite l'acier turque, le Maroc a ouvert des fronts dans le cadre de ses accords de libre-échanges avec ses partenaires. Cette redéfinition de la stratégie du Maroc pourrait faire mouche si le royaume détenait les capacités réelles pour opposer un réequilibrage des forces avec ses partenaires à l'égard des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. Mais ce qui est aujourd'hui évident est que le Maroc semble marcher sur les plates-bandes du protectionnisme américain. En attendant le verdict de l'OMC est tombé et le Maroc doit s'y conformer. Reste maintenant à voir l'attitde du rouyaume.

Mouhamet Ndiongue

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