Suicide des jeunes: Sourire de Réda mobilisée aux côtés des acteurs de la santé publique

Suicide des jeunes: Sourire de Réda mobilisée aux côtés des acteurs de la santé publique

Sourire de Reda lance sa campagne annuelle à l’occasion de la Journée Nationale dédiée à la Prévention du suicide des jeunes. À cette occasion, en amont du 5 février, l’association a tenu une conférence de presse sur le thème « Prévention du suicide : tous mobilisés ».

Pour la première fois, Sourire de Reda s’adressait aux médias aux côtés des acteurs de la Santé Publique : le Dr Omar Douram, Spécialiste en santé publique, Service de la santé mentale au sein du Ministère de la santé, et le Professeur de Psychiatrie Mohamed Agoub, chef de Service de Psychiatrie au CHU Ibn Rochd et président de La Ligue pour la Santé Mentale.

Au cours de la conférence, Dr Bouram a présenté l’engagement de ministère de la Santé pour la mise en place de la Stratégie Nationale de Prévention du Suicide au Maroc, ainsi que les principes d’actions qui accompagneront sa mise en œuvre. Cette mobilisation institutionnelle s’inscrit dans le cadre des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) visant à « promouvoir, coordonner et soutenir des plans d’action et des programmes intersectoriels de prévention des comportements suicidaires aux niveaux national, régional et local. » Et cela en établissant « des partenariats avec de multiples secteurs publics, tels que la santé, l’éducation, l’emploi, la justice, les ménages et la protection sociale, et d’autres secteurs, notamment privés. »

En tant qu’acteur hospitalier, Pr Agoub est intervenu pour présenter les données chiffrées émanant d’études réalisées au sein du CHU Ibn Rochd. Il a également détaillé la façon dont les acteurs intervenant dans le cadre de la santé mentale peuvent mettre en pratique les recommandations de l’OMS en matière de prévention du suicide, au niveau des institutions et des systèmes de santé, notamment en facilitant l’accès au soin, la disponibilité des

traitements appropriés réduisant le risque de comportement suicidaire, une meilleure définition des parcours de soin mais aussi la diffusion d’éléments de langage et de messages adaptés, inscrits dans les politiques de formation et repris dans la pratique au quotidien des prestataires de soin.

Meryeme Bouzidi Laraki, Présidente et fondatrice de Sourire de Reda, s’est félicitée de cette prise en compte au plus haut niveau institutionnel : « Lorsque nous avons commencé à nous mobiliser sur la problématique de la souffrance des jeunes et de la prévention du risque suicidaire, nous étions seuls. Aujourd’hui, que de chemin parcouru ! Il y a aujourd’hui une

véritable prise de conscience de la société et des pouvoirs publics en particulier. La mise en place d’une véritable Stratégie Nationale pour répondre à ce que l’OMS qualifie d’état d’urgence mondial, est une étape majeure de ce combat qui doit être l’affaire de tous », témoigne-t-elle.

Sourire de Reda en appelle également à la création d’un Observatoire national de prévention du suicide chargé d’harmoniser la collecte de données sur le suicide et les tentatives de suicide au Maroc et de les consolider dans le temps. Selon les meilleures pratiques internationales, Cet organisme serait le garant de la fiabilité, la validité et la disponibilité publique des données à l’échelle du pays, permettant de définir des plans d’action ciblés et de mesurer l’efficacité des actions menées à l’échelle nationale.

La conférence a vu aussi l’intervention de représentants du Comité de jeunes de Sourire de Reda, partie prenante de l’organisation de l’association depuis sa création et qui constitue une force de proposition et d’initiative. Ils ont témoigné du rôle des jeunes dans la prévention du suicide et de la stratégie de « sensibilisation par les pairs ».

Fidèle à sa vocation, Sourire de Reda, créée en 2009, poursuit sa mission au service de la sensibilisation sur la situation des jeunes en souffrance. Chaque mois de février depuis 2015, l’association élargit son champ d’intervention. Dans une démarche pédagogique, respectueuse des publics, s’appuyant sur la mobilisation de la société civile et le relais des médias, elle a ainsi contribué à révéler l’existence de la problématique. Elle a libéré la parole et incité à l’action en conseillant sur les gestes et les mots à adopter face à un jeune en souffrance. Elle a renforcé la vigilance sur les réseaux sociaux pour lutter contre le cyber harcèlement en partenariat avec les principaux acteurs Facebook et Instagram.

Elle a enfin, lors de sa campagne 2022, alerté sur les idées fausses et les biais intellectuels, émotionnels ou moraux qui empêchent d’agir.

L’expérience capitalisée par Sourire de Reda, après 13 ans d’activité, confirme la nécessité d’une approche multisectorielle de prévention du suicide. Le dispositif, tel que recommandé par l’OMS, doit s’inscrire dans le cadre d’une approche intégrée et complémentaire. Certains des maillons d’intervention sont déjà actifs au Maroc mais doivent être renforcés et massifiés dans toutes les villes et régions, tandis que d’autres sont en phase de réflexion ou de projet en partenariat avec les instances concernées. L’association insiste par ailleurs sur le rôle de ceux que l’Organisation Mondiale de la

Santé appelle « les sentinelles », ces acteurs à même d’identifier des personnes en risque suicidaire. Il peut s’agit des personnels de la santé comme de l’éducation, des forces publiques, policiers, pompiers, magistrats, des travailleurs associatifs et sociaux, des représentants religieux ou, en entreprise, des responsables RH…

Cette mobilisation de toutes les parties prenantes vise à offrir aux jeunes en souffrance des relais de proximité dans leur environnement immédiat, aussi bien en milieu urbain que rural, confirmant que la problématique de soutien aux jeunes en souffrance est bien « l’affaire de tous ».

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