L'urbanisme du futur examine par l'institut CDG

L'urbanisme du futur examine par l'institut CDG

Dans la série des webinaires « Regards sur le futur » organisés par l’Institut du Groupe CDG, une rencontre s’est tenue ce 17 novembre autour du thème de « l’urbanisme du futur », avec d’éminents spécialistes et experts, comme Abdelaziz Adidi, ex-directeur de l’Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme, l’architecte Jaâfar Sijilmassi, conseillère technique GIZ SafaeAmahrir et Hassane Oulidi, enseignant-chercheur en intelligence territoriale.

De 1800 à aujourd’hui, on est passé d’un milliard d’habitants à 8 aujourd’hui, et au niveau de l’urbanisme, de 4% à 56% aujourd’hui, projetés à 70% en 2050. L’avenir de l’humain est donc en ville et l’exode urbain reste marginal et anecdotique. Le Maroc, pour sa part, connaît un fort exode urbain car on est passé d’une population à majorité rurale à une population à majorité urbaine, avec 65% d’urbanisation et la tendance continue, le HCP fixant 75% d’urbanisation en 2050.

Quelle est donc la différence entre les trois options d’urbanisme du futur, territoires du futur et villes du futur ? La ville du futur relève de la fiction, mais nécessitent des idées novatrices, durabilité, intelligence, durabilité ; il est important d’avoir la planification, d’où l’urbanisme qui est l’ensemble des règles, normes, techniques, outils et méthodes à mettre en œuvre pour fabriquer la ville de demain ; quant au territoire, il relève de l’aménagement qui a pour principale mission de concevoir le territoire dans 20/25 ans.

L’urbanisme pratiqué au Maroc est hérité de la colonisation française. Il faut passer de l’urbanisme technique, techniciste et procédurier à la planification stratégique des villes, telle que menée dans plusieurs pays, y compris dans le Sud global. Nous devons rompre avec le modèle ancien, technique et procédurier car aujourd’hui nous sommes à la croisée des chemins et la ville au Maroc doit affronter plusieurs défis, comme le changement climatique, la mondialisation, la régionalisation avancée, le NMD…

Aujourd’hui, au Maroc, dans la pratique, l’approche est juridico-institutionnelle mais très limitée dans la faculté d’agir sur la vile. Il existe tellement de règlements qu’on ne peut agir efficacement sur la ville. Il existe tellement de tendances qu’il est difficile de donner une recette toute faite, mais la technologie est là pour aider… automatiser les notes de renseignements générés automatiquement, établir les cartes d’aptitudes, l’ANFCC a élaboré le cadastre économique, une infrastructure collaborative de données nationales qui donnent la possibilité d’accéder aux informations de base comme les cartes topographiques entre autres, et puis il y a le BIM… enfin, liste non exhaustive, IA et autres technologies avancées représentent une révolution dans la gestion des villes du futur, sur la sécurité, la gestion des villes et la durabilité.

Il faut cependant éviter l’hubris de tout utiliser, n’importe où et n’importe comment, il faut trouver l’harmonie entre nouvelles technologies et le low tech, des choses qui ne nécessitent pas d’avoir recours à des équipements coûteux. Et là, nous avons l’acupuncture urbaine : il faut alors considérer la ville comme un corps vivant pour choisir les emplacements de la ville, sachant que les termes sont empruntés au corps humain, comme le cœur, les artères, les venelles. Alors on utilise la technique de l’acupuncture en appuyant sur certains points névralgiques, si on considère la ville comme un corps malade. Il faut repérer les espaces non utilisés et dans chacun de ces espaces, une intervention légère est menée. Il faut revenir à la toute petite échelle, des espaces abandonnés, délaissés, des terrains vagues, des morceaux de trottoir, les voies de train, de tram… A Casablanca, par exemple, il y a 1.600 espaces inventoriés et répertoriés où on pourrait installer des équipements de 30.000 DH, soit environ 260 millions de DH. C’est relativement peu mais cela changera la qualité de vie de tous. un banc, une table à damier, quatre poteaux et un tracé pour un petit terrain de sport…

Les intervenants ont alors abordé la question des ingrédients de la ville du futur et de la planification stratégique : Le passage d’un urbanisme de zone et de séparation des fonctions à un urbanisme durable et polyfonctionnel, les infrastructures de base, l’accessibilité pour toutes les catégories de citoyens, la sécurité, la résilience urbaine, le concept de l’agriculture urbaine, et une bonne gouvernance, comme en toute chose…

La mobilité urbaine des villes du futur connaît déjà des transformations profondes, surtout propulsées par les modes de transport partagés et des véhicules autonomes.

Cependant, quatre volets restent importants à considérer : Les données et l’accès à l’information, la formation, la collecte des informations à l’échelle locale, et la rénovation urbaine.

En conclusion les panélistes conviennent que la ville de demain doit se préparer dès aujourd’hui et la première chose à faire est de procéder à une refonte totale du dispositif juridico-institutionnel de l’urbanisme. Plusieurs solutions sont à proposer mais il faut toujours ramener cela à l’échelle de l’humain pour que la ville reste toujours adaptée aux attentes des citoyens, et éviter la science-fiction qui ne répondra pas toujours aux attentes.

Mais on ne peut pas imaginer le futur sans connaître l’histoire, sachant que certaines villes ont rayonné, comme Fès et Marrakech et d’autres. Et donc avant d’utiliser l’IA, il faut capitaliser sur l’intelligence des génies que nous avons eus, et aussi impliquer les citoyens pour les documents d’urbanisme des villes futures. Avec tout ce que nous faisons, nous pouvons créer un modèle marocain ; toutes les technologies sont bonnes mais comme nous avons la chance d’être un pays avec une très ancienne culture, nous devons nous appuyer sur ce capital historico-culturel.

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