Abdelaziz Bouteflika et les femmes (Jeune Afrique)

Abdelaziz Bouteflika et les femmes (Jeune Afrique)

Célibataire endurci, le chef de l'État fait presque figure d'exception en Afrique et dans le monde arabe. De quoi alimenter depuis toujours rumeurs et fantasmes. Cette enquête est parue dans « Jeune Afrique » n°2824 (du 22 au 28 février 2015). Cette édition de notre hebdomadaire n'a pas reçu l'autorisation de mise en vente de la part du ministère algérien de la Communication et n'a donc pas encore été diffusée en Algérie.

Au crépuscule de sa vie, l'ancien président algérien Ahmed Ben Bella, décédé en avril 2012, reçoit dans sa villa d'Alger notre collaborateur Renaud de Rochebrune. Sous un portrait géant de sa mère, qu'il vénérait, l'ex-raïs passe à confesse. Entre autres confidences, Ben Bella se penche sur ses liens avec Abdelaziz Bouteflika, qui avait pris part au coup d'État qui le renversa, le 19 juin 1965, avant de devenir, des années plus tard, un ami généreux et protecteur. Évoquant alors le célibat de l'actuel chef de l'État, Ben Bella se désolait qu' « un homme de son âge ne soit pas encore marié ». Mais, juge-t-il avec le sourire, « il n'est jamais trop tard pour bien faire ».

Il est sans doute peu probable que le président algérien, 78 ans en mars, handicapé par l'accident vasculaire cérébral d'avril 2013 qui l'oblige à diriger le pays dans un fauteuil roulant, suive le conseil de son vieil ami et convole en justes noces. À l'inverse de ses pairs et de ses prédécesseurs arabes et africains - à l'exception du sultan Qabous -, Bouteflika ne s'est jamais affiché avec femme et enfants. Et a exercé sa présidence en célibataire. Un cas unique en Afrique du Nord et rarissime au sud du Sahara.

Le célibat, encore plus tabou que le bulletin de santé

Le célibat du président est encore plus tabou que son bulletin de santé. Comme c'est le cas pour son véritable lieu de naissance, la ville marocaine d'Oujda, où il a vu le jour en mars 1937, sa biographie officielle ne mentionne pas son statut marital. Depuis son accession au pouvoir suprême, en 1999, cet aspect de sa vie privée n'a été évoqué qu'une fois. C'était en février 2000, lors d'un entretien à la chaîne libanaise LBC. Plutôt effrontée, la journaliste pose la question qui fâche : « Le chef de l'État algérien est-il marié ? ». « Je ne suis pas marié », a-t-il sèchement répondu. À l'époque, il ne l'était peut-être plus. Mais dix ans plus tôt, il en allait tout autrement.

De retour au pays en 1989 après sa fameuse « traversée du désert » entre Paris, Genève et Dubaï, l'ex-ministre des Affaires étrangères avait en effet fini, avec la bénédiction de sa mère, Mansouriah Ghezlaoui (décédée en juillet 2009), par mettre un terme à son long célibat. Dans un pays de tradition et de culture musulmanes, où la famille est sacrée, il ne fait pas bon pour un haut responsable de rester vieux garçon.

Bouteflika contracte un mariage religieux avec Amel Triki, née en 1968, originaire de Tlemcen et fille de Yahia Triki, ex-haut cadre au ministère des Affaires étrangères. Selon plusieurs témoignages, Bouteflika a fait la connaissance de la jeune femme durant l'un de ses fréquents séjours au Caire, où le père Triki était en poste comme diplomate. Après une cour assidue, Bouteflika finit par obtenir la main de la jeune fille, alors étudiante en médecine. Un ancien ministre, qui prenait souvent le thé avec elle, se souvient d'une belle et grande femme intelligente, cultivée et raffinée.

Absence d'épouse : problèmes de protocole

Le « mariage » est célébré un vendredi du mois d'août 1990, au troisième étage de l'appartement familial des Bouteflika, à El-Biar, sur les hauteurs de la capitale. Fait exceptionnel pour un jour férié, un scribe de l'état civil communal a été prié de se présenter avec les documents nécessaires pour enregistrer l'union. Sont présents Bouteflika, sa mère, le père de la mariée, ainsi que des proches des deux familles. Abdelkader Dehbi, ancien maquisard et ex-conseiller à la présidence sous Boumédiène, ami intime de Bouteflika avant qu'ils ne se brouillent, est l'un des deux témoins.

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