« Parfois, on tirait juste pour le plaisir » (un soldat israélien à Gaza)
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- 05 mai 2015 --
- International
Il existe en Israël des associations et des groupes de gens qui cherchent la vérité et osent la dire, crûment et dans toute sa cruauté. Parmi ces organismes, « Breaking the silence » (briser le silence), qui vient de publier un rapport de près de 250 pages, avec les témoignages d’une soixantaine de soldats de Tsahal qui ont accepté de dire leurs vérités et leur vécu lors de l’opération « Bordure protectrice » qui s’est déroulée à Gaza durant l’été 2014 et qui a fait près de 2.500 morts côté palestinien et 72 parmi les soldats israéliens.
L’un d’eux raconte… « Il n’y avait pas de règles d’engagement. Si vous voyez quelqu’un dans cette zone, cette personne est un terroriste. Dans ce contexte, c’était simple. Ils m’ont dit qu’ils avaient eu des renseignements, qu’il n’y avait pratiquement plus de civils dans la zone et que, si quelqu’un venait vers nous, c’était un terroriste ». Les soldats pouvaient donc tirer, devaient tirer. Et tiraient.
Un autre explique le peu de cas qu’on faisait de la population civile… « La cible était un vice-commandant de bataillon dans un quartier de Gaza, et une attaque aurait été lancée si le nombre de civils n’était pas trop élevé. Et par “pas trop élevé”, je veux dire un nombre à deux chiffres ». Tant que chaque opération ne dépassait pas les 10 morts, donc…
Un troisième, qui a accordé une longue interview au journal français le Monde, est tourmenté par ce qu’il a eu à faire lors de cette opération « Bordure protectrice »… « J’avais la conscience de faire quelque chose de mal, mais on avait le sentiment de pouvoir tout faire, qu’il n’y avait pas de loi. J’ai le sentiment d’avoir fait des trucs amoraux, sur le plan international. J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir. A mon retour à la vie civile, j’avais essayé d’en parler autour de moi, mais dans mon environnement, personne ne veut entendre tout cela, ces mauvaises choses ».
Des témoignages de l’intérieur, soixante-dix ans, presque jour pour jour, après la fin de la Seconde guerre mondiale et ses atrocités bien connues… « Comment un peuple qui a failli être complètement éliminé, qui a eu 6 millions de morts dans les camps, peut-il commettre de pareilles atrocités ? », s’interroge un officier de Tsahal qui a achevé sa période de service militaire ; et, bien évidemment, tous ces soldats et officiers agissent sous couvert d’anonymat.
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