Crépuscule des dieux en Turquie ou le rêve brisé du « sultan » Erdogan

Crépuscule des dieux en Turquie ou le rêve brisé du « sultan » Erdogan

L’étoile du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) perd la majorité absolue au Parlement, pour la 1ère fois depuis 2002. Avec 40,7 % des suffrages, soit 258 députés sur 550, l’AKP reste le premier parti politique du pays, mais le revers est cinglant. « « Si Dieu le veut, la décision de la nation est la bonne », a déclaré le premier ministre, Ahmet Davutoglu, à l’annonce des résultats. Dieu n’a semble-t-il pas voulu d’une autre victoire absolue du parti de l’autoritaire et désormais contesté président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est muré dans le silence.

Signe révélateur du séisme politique enregistré hier en Turquie, la Bourse d’Istanbul a chuté de 8 % à l’ouverture, aujourd’hui lundi 8 juin. Erdogan rêvait de poursuivre son rêve sultanien, en enlevant les deux tiers du parlement, ce qui lui aurait ouvert la voie à une hyper-présidence et lui aurait très certainement permis d’accélérer sur la voie de la « délaïcisation » de la Turquie. Pour réussir son objectif, Erdogan avait besoin d'un raz-de-marée électoral. Avec les deux tiers (367) des sièges, il pouvait faire voter sa réforme par son parti seul. Avec 330 élus, il pouvait la soumettre à un référendum. Avec un effectif de députés qui se fixera aux alentours des 270 députés, il a un problème.

Qu’est-ce qui a valu une telle chute à l’AKP et ce désaveu personnel de son leader ? L’autoritarisme débridé du président, pourtant auréolé d’un incontestable succès en économie, lui qui fait passer la Turquie du 75ème rang mondial en 2002 à la 17ème en 2014. Arrestations d’opposants, sous divers motifs, intimidation de journalistes, blocage des réseaux sociaux quand une information y circule et qu’elle lui déplaît. Le désaveu est venu de la société turque mais aussi, signe des temps, des propres rangs de sa formation.

Le parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) a réussi son pari en passant la barre des 10% des voix nécessaires pour être représenté sur les bancs de l'Assemblée nationale, où il devrait envoyer plus de 70 députés.

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