Wikileaks épingle l’Arabie Saoudite et apporte des révélations sur ses relations avec Rabat
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- 22 juin 2015 --
- International
Le site Wikileaks a mis en ligne en fin de semaine dernière des télégrammes diplomatiques concernant l’Arabie Saoudite, et promet d’ne publier plusieurs dizaines de milliers d’autres dans les jours qui viennent. Il n’en fallait pas plus pour faire sortir les dirigeants wahhabites de leurs gonds. Des révélations sont apportées sur les relations entre Riyad et Rabat.
Ainsi, on apprend qu’en 2009, quand le Maroc avait brutalement décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, c’était sur la demande des autorités saoudiennes. En effet, cette année-là, l’Iran, qui a des visées sur Bahreïn (population à majorité chiite avec une famille régnante sunnite), s’en était pris au petit émirat, par ailleurs protégé de Riyad. Qualifié par Téhéran de « quatorzième province iranienne », Bahreïn s’en était plaint à Riyad qui avait alors mobilisé ses alliés, dont le Maroc.
Ainsi, un diplomate égyptien en poste au Maroc a expliqué à son homologue américain que « les Marocains ont rompu avec l'Iran à l'instigation de l'Arabie saoudite. Les contacts entre le palais royal de Rabat et Riyad sont presque quotidiens et les Saoudiens ont mobilisé personnellement le roi Mohammed VI (et non le gouvernement marocain, qui a été aussi surpris de la rupture que le reste du monde) dans sa stratégie globale d'opposition à l'influence iranienne ». Le diplomate égyptien ajoute qu’ « en contrepartie de son soutien actif, l'Arabie saoudite va assurer au Maroc un flux continu de pétrole à un prix d'ami ». Et de conclure que Rabat a fait d’une pierre plusieurs coups, s’assurant d’abord d’un soutien financier bienvenu en ce début de crise financière mondiale, ne perdant ensuite pas grand-chose car les relations avec Téhéran étaient plus symboliques qu’effectives et allant enfin dans le sens d’une population marocaine sunnite hostile à tout ce qui a trait au chiisme.
Par ailleurs, un télégramme diplomatique saoudien, venant de l’ambassade à Rabat et daté du 3 janvier 2012 – le jour de l’installation du gouvernement Benkirane – montre l’appréhension des autorités wahhabites face à l’arrivée au gouvernement du PJD, que Riyad considérait comme une antenne des Frères musulmans égyptiens. Mais le diplomate s’était voulu rassurant en prétendant que le gouvernement Benkirane n’était que de « la façade ».
A preuve, les profils nommés. A l’Intérieur, rien de bien nouveau, en dépit de l’arrivée de Mohand Laenser à la tête de ce département. « C’est Charki Draïss le véritable maître de l’Intérieur », explique le diplomate. Saadeddine Elotmani aux affaires étrangères ? « Un poste symbolique », car la diplomatie est le domaine réservé du palais et la fonction de ministre délégué conférée alors à Youssef Amrani devait assurer la continuité de la politique étrangère de Rabat. Les Saoudiens manifestaient également une certaine bonne humeur suite au maintien d’Ahmed Toufiq aux affaires religieuses et d’hommes du palais au Secrétariat général du gouvernement et à la défense.
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