A Alger, on est en colère contre PSA, Renault, la France et… l’Algérie
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- 23 juin 2015 --
- International
Ils sont comme cela, nos voisins algériens, ils scrutent et observent ce qui se passe au Maroc… dernier élément en date, le lancement officiel du projet d’usine Peugeot-Citroën à Kenitra. Dès l’annonce de la signature de la convention en présence de Mohammed VI et du président de PSA, les médias algériens s’en sont pris à… eux-mêmes.
Le début vient du ministre du Commerce Amara Benyounès, qui a déclaré que « l’Algérie est une aire de stationnement à ciel ouvert », allusion à l’usine Renault de montage et d’entreposage des véhicules construits dans son pays, contrairement aux grandes usines qui fleurissent au Maroc. Le site Liberte-algerie confirme en creux l’inadaptabilité des infrastructures algériennes en affirmant que « nos voisins de l’Ouest semblent attirer au mieux les investisseurs, avec cette valeur ajoutée liée à la création d’emplois et un taux d’intégration très appréciable ».
Les multinationales promettent en Algérie… et s’installent au Maroc
En visite éclair la semaine dernière en Algérie, le président François Hollande, sans doute informé de l’arrivée imminente de PSA au Maroc et conscient de la susceptibilité à fleur de peau des Algériens, avait annoncé que « « l’installation de très importantes entreprises comme Peugeot » en Algérie était pour « bientôt ». Joie immense chez les voisins qui y voyaient une riposte à la méga-usine de Renault à Tanger. Mais douche froide quelques jours après, quand PSA a décidé de signer au Maroc. Diplomate et conciliateur, Hollande ? Sans doute.
Pour sa part, tsa-algerie suggère la réponse : « Au-delà des questions légitimes qui se posent quant à l’intérêt d’ouvrir deux usines pour alimenter les mêmes régions, le groupe PSA effectue ici un joli coup de communication en annonçant qu’un projet industriel est à l’étude en Algérie. Peugeot veut éviter ainsi le sacré mal de tête qu’avait subi Renault lorsqu’il avait annoncé l’ouverture de son usine à Tanger alors qu’il n’avait rien prévu encore pour l’Algérie, son principal marché au Maghreb ». Rien n’est moins sûr…
Au-delà du cas le plus récent de Peugeot, le même média explique que « de nombreux investisseurs étrangers – et non seulement français – privilégient le Maroc à l’Algérie. L’Américain Ford dans l’automobile ou Huawei, le géant chinois des télécommunications, sont des exemples sur une longue liste. L’enjeu est de comprendre pourquoi ces capitaux étrangers s’orientent davantage vers notre voisin de l’Ouest ». Sage réflexion…
Le Matin.dz enfonce le clou, et se flagelle un peu : « Lors de sa visite éclair à Alger, le président Français a évoqué un investissement de Peugeot en Algérie. Il n’est pas exclu que PSA s’aligne sur la proportion établie par Renault entre son usine de Tanger et son atelier de Oued tlelat. Ce qui fera de l'investissement annoncé par François Hollande, à l’image du site Renault-Algérie, un site sans la moindre importance ». Le problème n’est pas tant dans l’économie que dans la politique, et dans ces fameuses « zones non sécurisées », comme aiment à le dire nos voisins – et amis – algériens.
Et donc, voici comment les Algériens voient les décisions d’implantation des multinationales sur leur sol : « L’annonce de Renault avait été la cause de tensions diplomatiques entre les gouvernements français et algérien, ces derniers se sentant floués et exigeant coûte que coûte une usine sur le territoire algérien. On connaît la suite : Renault a implanté une usine de montage de la Renault Symbol près d’Oran, dont l’intérêt économique pour le pays reste encore pour le moins discutable ». Coûte que coûte…
6 raisons de privilégier le Maroc, selon les médias algériens
En Afrique du Nord, les géants mondiaux préfèrent le Maroc, et c’est toujours tsa-algerie qui apporte l’explication, en six points. Si certains sont à nos yeux, Marocains, plutôt douteux, les Algériens les voient quand même des atouts dont ils ne disposent pas, eux… 1/ Stabilité et fonctionnement politique (exact), 2/ Incitations fiscales et économiques (exact), 3/ Des infrastructures mieux développées (exact), 4/ Un tissu de PME performant (discutable), 5/ Une administration efficace (douteux), 6/ Un modèle économique plus diversifié (exact).
L’art de prendre les mauvaises décisions…
Le site echoroukonline montre à quel point effarant les dirigeants algériens peuvent passer totalement passer à côté des bonnes décisions !... « Le gouvernement algérien a donné un coup dur au constructeur automobile allemand Volkswagen qui a émis le vœu d’implanter une usine en Algérie. Cela s’est confirmé, lors de la dernière visite de François Hollande à Alger où il a affirmé que le projet d'implantation en Algérie d'une usine du constructeur de véhicules Peugeot était « en discussion avancée ». Une déclaration qui devrait faire mal au géant allemand qui a entamé début 2009 des discussions secrètes avec l’Algérie. Selon des observateurs, les constructeurs français auraient plus tard préféré le marché marocain à celui de l’Algérie...
En revanche, les autorités algériennes ont accepté toutes les conditions posées par la France, qui détient la moitié du marché automobile en Algérie, bien que Volkswagen avait, de son côté, accepté les conditions posées par l’Algérie pour venir installer une usine dans le pays ».
Lièvre et la tortue, ou cigale et fourmi ?
C’est encore tsa-algerie qui fait cette comparaison qui, une fois n’est pas coutume, est raison… « L’histoire de la rivalité entre l’Algérie et le Maroc est celle du lièvre et de la tortue. Nous avons été tellement privilégiés ces dix dernières années grâce au pétrole que nous avons oublié qu’il y avait peut-être une course à gagner. Pendant que le Maroc se retroussait les manches, notre fierté nous empêchait d’avoir une discussion rationnelle et de faire quoi que ce soit de productif. Aujourd’hui, le Maroc conforte sa position de base mondiale de l’automobile et l’Algérie ne peut que constater son gâchis, en espérant pouvoir remédier les choses. Encore faudra-t-il en avoir la volonté ».
Mais c’est plutôt « la cigale et la fourmi », « la première ayant été crier ‘usine’ quand la ‘crise’ fut venue »…
La solution…
Amis Algériens, il existe une solution, peut-être… Un Maghreb, franc et massif, fort de l’argent algérien (tant qu’il y en a encore, du moins), du savoir-faire marocain et du modèle social tunisien. Mais il y a aussi autre chose… pendant que les Algériens parlent aux officiels français qui, mondialisation et libéralisme obligent, n’ont plus de pouvoir de décision sur les multinationales, les Marocains, eux, s’adressent directement aux dirigeants de ces mêmes multinationales, leur proposant des affaires en or.
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