Le bras de fer entre Athènes et Bruxelles se durcit, sur fonds de « Grexit »
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- 30 juin 2015 --
- International
J-5 pour le référendum en Grèce sur les négociations avec l’Union européenne concernant la dette grecque et le soutien financier international. Les Grecs devront répondre à cette question : « Le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fond Monétaire International lors de la réunion de l’Eurogroup du 25.06.15, qui comprend deux parties et constitue leur proposition commune, doit-il être accepté ? ». Un vote négatif pourrait signifier une sortie de la Grèce de la zone euro…
Chacun des deux camps fourbit ses armes, et agit sur le terrain psychologique. Le premier ministre Grec défendra, même officieusement, le « non » car cela lui donnerait plus de poids face à ses pairs européens. Pour Angela Merkel, « si l’euro échoue, l’Europe échoue », et la responsabilité sera portée, en creux, par les Grecs.
Le bras de fer se poursuit donc… pour la chancelière allemande, fer de lance de l’intransigeance européenne à l’égard d’Athènes, « la position ne changera pas : solidarité et efforts vont de pair. La volonté de compromis [n’était] pas du côté grec et, dans une négociation, personne ne peut obtenir 100 % ». Cela signifie que si les Grecs votent non, ils auraient mis un pied (et demi) hors de la zone euro.
Ce à quoi le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, répond que « le gouvernement grec utilisera tous les droits juridiques à notre disposition. Nous prenons conseil et examinerons certainement l'éventualité d'une injonction devant la Cour de justice de l'Union européenne. Les traités européens ne prévoient pas de sortie de l'euro et nous ne l'acceptons pas. Notre appartenance (à la zone) n'est pas négociable ».
En dehors de la mesure technique et sans grande conséquence prise par le gouvernement grec concernant le contrôle des capitaux et la fermeture des banques durant 6 jours pour éviter leur effondrement, le conflit entre Grèce et Eurogroup (pays de la zone euro) pourrait avoir trois scénarios possibles :
1/ La Grèce plie sous la pression des échéances à régler, soit 1,6 milliard d’€ au FMI aujourd’hui 30 juin et 3,5 milliards d’€ à la banque centrale européenne le 20 juillet. Si les remboursements ne sont pas honorés, les créanciers pourraient prononcer l’état de cessation de paiement et bloquer tout versement de fonds, ce qui mettrait le gouvernement Tsipras en situation intenable. Il pourrait alors céder et accepter les exigences de réformes de l’UE.
2/ La Grèce sort de l’euro. Elle reviendrait alors à sa monnaie, la drachme, mais en dehors du soutien financier international, elle créerait de la monnaie pour financer ses déficits. Cela aboutira à l’inévitable dévaluation de la drachme, et donc à la conséquence immédiate de renforcer les exportations et le tourisme, mais aggraverait le déficit de la balance commerciale, la Grèce important bien plus qu’elle n’exporte. Le système financier national pourrait alors s’effondrer ou, au moins, se trouver dans une situation à la limite de la faillite, avec les troubles sociaux inévitables que cela engendrerait en Grèce, puis ailleurs, avec les soutiens de la Grèce dans les pays européens.
3/ L’Europe cède face au vote souverain grec refusant le « diktat » européen, et Athènes pourrait alors restructurer, et réduire, sa dette. Les positions actuelles de Donald Tusk, président du Conseil européen, de Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne et d’Angela Merkel, laissent cependant très peu de chances à cette éventualité de se réaliser.
Réponse donc dimanche au soir, à Athènes.
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