Les Grecs rejettent le diktat financier, Tsipras renforcé, Berlin en colère, l'Europe retient son souffle
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- 05 juillet 2015 --
- International
"Non", en grec, cela se dit "oxi", et les Grecs ont dit massivement "oxi" au plan de réformes et de restructuration à eux imposé par la troïka FMI, Banque centrale européenne(BCE) et Commission européenne. Dimanche soir, les résultats annonçaient un taux de rejet de ce plan à plus de 60%. Le gouvernement d'Athènes sort renforcé dans ses négociations avec ses créanciers, mais Berlin est en colère.
Menaçants et tentant l'intimidation, les Européens ont passé la semaine à prévenir le premier ministre grec Alexis Tsipras qu’une victoire du "non" l’exposerait à de graves conséquences. Vendredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, l’a notamment averti qu’en cas de "non" au référendum, "la position grecque serait considérablement affaiblie".
Si les deux dirigeants français et allemand ont préservé la courtoisie diplomatique en affirmant que le choix des Grecs doit être respectée, c'est certainement par souci de politique interne, pour ne pas s'aliéner leurs compatriotes sympathisants de Tsipras. Cependant, le ministre d l'Economie allemand, Sigmar Gabriel, a affirmé que de nouvelles négociations des Européens avec Athènes paraissaient désormais "difficilement imaginables" et que le Premier ministre grec Alexis Tsipras a "coupé les derniers ponts" entre son pays et l'Europe.
De son côté, le gouvernement grec explique depuis l’annonce du scrutin que le refus du plan par les électeurs est de nature à lui donner du poids dans les négociations.
Côté finances, les restrictions sur les retraits de la population grecque doivent cesser mardi avec la réouverture des banques. Mais "la victoire du "non" rend cette perspective inenvisageable", selon plusieurs experts financiers europens. Car il est peu probable que la BCE desserre son étreinte et approvisionne à nouveau les banques grecques en liquidités ; pour éviter de nouveaux retraits massifs, la Grèce devrait donc prolonger son contrôle des capitaux.
Ce lundi, la Grèce est donc toujours membre de la zone euro, mais jusqu’à quand ? Si le gouvernement Tsipras a répété qu’il n’était pas question d’abandonner la monnaie unique, le résultat du référendum pose question. La population a beau être très attachée à l’euro, comme l’a montré un sondage publié vendredi, les semaines difficiles qui attendent les Grecs, pendus aux lèvres des créanciers, ne manqueront pas de remettre sur la table le « Grexit », ce néologisme fruit de la combinaison entre "Grèce" et "Exit".
Et ainsi donc, le premier gouvernement anti-austérité jamais élu en Europe a remporté cette première manche du bras de fer qui l'oppose à des créanciers qui n'ont pas dit leur dernier mot. Tsipras et son gouvernement devront compter sur les appuis politiques internes - et les pressions qui vont avec - des "grands" pays européens pour espérer gagner la manche suivante, le maintien dans l'euro et l'allégement du plan de réformes
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