Que se passe-t-il en Algérie ?... 22 morts au moins et plus de 200 blessés à Ghardaïa

Que se passe-t-il en Algérie ?... 22 morts au moins et plus de 200 blessés à Ghardaïa

Une escalade meurtrière a eu lieu entre les Mozabites (berbères) et les Chaâmba (arabes) dans la wilaya de Ghardaïa, préfecture située à 500 km au sud d’Alger, aux portes du Sahara. Selon les premiers témoignages recueillis mercredi en fin d’après-midi, le bilan était d’au moins 22 morts et plus de 200 blessés, après 72 heures de violence. « La plupart des victimes sont mortes après avoir été frappées à la tête par des projectiles », ont déclaré plusieurs témoins des affrontements.

Le conflit est communautaire, et l’origine en est essentiellement foncière. Il oppose Arabes et Berbères qui ont su cohabiter pourtant depuis des siècles, mais la déliquescence de l’Etat, les mutations démographiques et la multiplication des « zones non sécurisées » ont envenimé les choses et enflammé les esprits des deux communautés. En décembre 2013 déjà, une opération d'attribution de logements sociaux avait été contestée dans la rue par des jeunes, de Ghardaïa, avec les inévitables affrontements, les morts et les centaines de blessés.

Hier soir mercredi 8 juillet, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé avoir chargé l'armée de rétablir l'ordre et envoyer des renforts sur place. Un conseil de défense devait se réunir d’urgence autour de lui, avec la présence du Premier ministre (et président effectif) Abdelmalek Sellal et les hauts gradés de l’armée et des services.

Il apparaît cependant que le conflit n’est pas que foncier, mais aussi religieux. Pour les Arabes sunnites, les Mozabites ne sont pas dans l’orthodoxie religieuse de la majorité et, en ce mois de ramadan, les privations donnent libre cours aux instincts de violence. Mais comment l’Etat, policier et quadrillant cette région, a-t-il pu laisser se produire cette flambée de violence ? « Le gouvernement central, essentiellement arabe, est traditionnellement hostile aux Berbères et détourne les yeux à chaque conflit communautaire, n’agissant que quand il estime pouvoir être lui-même en danger », analysent certains dirigeants mozabites.

Mercredi, à Alger, des centaines de Mozabites avaient manifesté dans les rues d’Alger, dénonçant le retard de réaction de l’Etat. Ils ont ensuite tenté de se rassembler pacifiquement à  la Grande poste à Alger Centre mais la brutalité policière les a obligés à se disperser.

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