Maroc Telecom, une entreprise africaine implantée au Maroc…

Maroc Telecom, une entreprise africaine implantée au Maroc…

Celui qui aurait entendu le président de Maroc Telecom présenter les résultats de son groupe pour le 1er semestre 2015 ce vendredi 24 juillet à Rabat  pourrait penser à juste titre que Maroc Telecom est de moins en moins marocaine, et de plus en plus africaine. Si les faits marquants du groupe se produisent sur le sol national, les résultats viennent surtout du continent.

Abdeslam Ahizoune commence sa conférence de presse sur un fait assez parlant… Il déclare vouloir éteindre son téléphone pour pouvoir présenter ce qu’il avait à présenter, précisant que « ce n’est pas là le meilleur message pour la consommation de téléphonie »… Seulement voilà, son téléphone ne s’éteint pas ; on passe de l’humour à la symbolique.

Puis, il en arrive aux faits marquants qui ont caractérisé ces six premiers mois 2015, avec bien évidemment le lancement de la 4G+ (au même prix que la 3G), mais aussi deux nouvelles offres mobiles illimitées, le lancement du cloud, ou encore d’une offre vidéo à la demande… Le groupe était présent dans 5 pays, il l’est désormais dans 11…

Concernant les prix, ils ont baissé de 56% sur 3 ans, de 39% en 2 ans et de 13,1% sur les six derniers mois, une baisse qui n’a pas été compensée par les rentrées de l’usage sortant, seulement de 8,4% en minutes/client /mois. Et là, Ahizoune fait une remarque importante : la baisse des prix c’est bien pour le client… mais peut-être pas trop finalement car baisse des prix signifie à terme baisse des marges, et donc des capacités d’investissement. Et au final, c’est le client qui a gagné au départ avec les baisses de prix qui risque d’en pâtir ensuite.

Les clients sont passés de 38 millions en juin 2014 à près de 51 millions un an après, avec 59% hors des frontières contre 47% voici un an. Le parc des clients étrangers augmente donc vite et suit la courbe des investissements/acquisitions de MT en Afrique. MT voit sa part de marché ADSL maintenue à 99,96% mais, remarque avec une certaine malice Ahizoune, « il ne faut pas parler de monopole car le marché est ouvert ; s’il n’y a pas de concurrence, les raisons sont à chercher ailleurs », avant de poursuivre que « nous souhaitons que nos concurrents se portent bien car c’est la seule manière d’avoir un marché qui fonctionne de manière optimale ».

Maroc Telecom a enregistré durant le premier semestre 2015 un chiffre d’affaires de 16,58 milliards de DH, en hausse de 13,9 % par rapport à la même période l’an dernier. Mais l’opérateur historique annonce un recul de 8% de son bénéfice net au premier semestre (2,827 milliards de DH), malgré une hausse de 13,9% de ses ventes grâce à ses filiales africaines, considérées comme la « locomotive » du groupe. Le bénéfice net s'inscrit en recul sur un an en raison de la « baisse de l'activité au Maroc » et des « frais liés à l'acquisition des nouvelles filiales.

Si, à base comparable, le chiffre d’affaires de Maroc Telecom reste stable, il faut noter que cela est dû à la performance de ses filiales subsahariennes dont les résultats (+5,3 % à 6,55 milliards de DH) ont compensé la baisse des revenus au Maroc (-2 %). Idem pour l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) du groupe qui a atteint 8,41 milliards de DH soit 4,7 % de plus qu’au premier semestre 2014.

Abdeslam Ahizoune récuse que le cours de Maroc Telecom se porte mal, et pour preuve, il dresse une comparaison avec le MASI, indice de la Bourse de Casablanca. Sur un an, de juin 2014 à juin 2015, le titre de MT a gagné 13,5% alors que le MASI n’a cru que de 5%. Et en 2014, MT a vu son action croître de 18,5%, contre 5,6% pour le MASI.

Enfin, dernière nouvelle intéressante pour MT, le renouvellement de la licence 2G de Mauritel, sa filiale en Mauritanie, pour une période de dix ans. Pour une compensation composée d’une part fixe de 301 millions de DH et d’une part variable à hauteur de 2,5 % du chiffre d’affaires 2G annuel sur toute la durée de la licence.

AB

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