Attentat majeur en Turquie, au moins 96 morts et 246 blessés (vidéo)

Attentat majeur en Turquie, au moins 96 morts et 246 blessés (vidéo)

On l’appelle déjà le 11 septembre turc, car c’est l’attentat le plus meurtrier dans l’histoire de la Turquie. Deux kamikazes se sont fait exploser à Ankara, samedi 10 octobre : 95 morts et 246 blessés, dont 48 se trouvent toujours en soins intensifs dans les hôpitaux de la capitale.

A 10h04 (8h04 heure marocaine), deux violentes explosions ont secoué les alentours de la gare centrale d'Ankara, où des milliers de militants venus de toute la Turquie à l'appel de plusieurs syndicats, d'ONG et partis de gauche se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes. Les déflagrations ont transformé l'esplanade, jonchée de corps sans vie, en scène de guerre et provoqué la panique dans la foule.

Plusieurs syndicats de gauche – KESK (fonction publique), DISK– ainsi que l’association des médecins (TTB) et le parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro kurde) avaient appelé à manifester contre la reprise des hostilités entre les forces turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au sud est du pays.

Mais quelques instants avant que le cortège ne s’ébranle, une bombe a explosé sur le lieu où les militants du HDP étaient rassemblés, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés. La Turquie a décrété trois jours de deuil national après ces attaques meurtrières.

Des élections générales anticipées sont organisées dans le pays. Lors de celles du 7 juin, le HDP avait remporté 13 % des voix aux législatives, faisant perdre au Parti de la Justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan la mainmise qu’il exerçait depuis 2002 sur le pays. Meurtri par ce revers, M. Erdogan a convoqué de nouvelles élections, prévues pour le 1er novembre, après l’échec de son premier ministre Ahmet Davutoglu à former un gouvernement de coalition. Le président voulait absolument une majorité claire pour lui permettre de changer la constitution en vue d’accorder plus de pouvoirs au chef de l’Etat.

Davutoglu a émis trois hypothèses, alors même que l’attentat n’est toujours pas revendiqué : une attaque de l’Etat islamique, des militants du PKK ou des extrémistes communistes. L’opposition a avancé, elle aussi, une 4ème hypothèse, celle d’une manipulation du président Recep Tayyip Erdogan pour influer sur le cours de l’élection. le HDP a en effet explicitement mis en cause le pouvoir : « Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia », a déclaré le chef de ce parti, Selahattin Demirtas.

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