Turquie, Erdogan « le Magnifique » remporte la majorité absolue
Il est à la tête du pays depuis 2002 et enchaîne les victoires électorales. En juin, le parti du président Recep Tayyip Erdogan, l’AKP (islamo-conservateur), avait perdu la majorité absolue qui devait lui permettre d’amender la constitution pour établir une « super-présidence », mais au scrutin du dimanche 1er novembre, Erdogan « le Magnifique » l’a récupérée…
Le président turc, premier ministre pendant 12 ans, de 2002 à 2014, peut savourer sa revanche sur ses adversaires, qui le voyaient déjà fini, politiquement mort et enterré. En effet, il attendait une victoire écrasante lors de la législative du 7 juin 2015 pour changer la constitution et conférer plus de pouvoirs au président qu’au premier ministre. Mais il avait échoué, face à une montée en puissance du Parti républicain du peuple (CHP) et du parti pro-kurde.
Le 1er novembre, donc, et alors que la plupart des sondages le créditaient de 40 à 43% des suffrages, l’AKP a recueilli 49,4% des voix et remporté 316 des 550 sièges de députés. Ce résultat sonne déjà comme une revanche éclatante pour Erdogan, 61 ans, nouveau « sultan » turc et le dirigeant le plus charismatique et le plus puissant de la Turquie depuis Atatürk…
Le Parti républicain du peuple (social-démocrate) obtient un score similaire à celui de juin avec 25,4 % des voix. Les seuls véritables perdants sont la droite nationaliste et la gauche pro-kurde. Cette dernière se maintient de justesse en obtenant 10,4 % des voix, sachant qu'il faut franchir le seuil des 10 % pour entrer au parlement.
Pour autant, l'homme du miracle économique et des réformes qui ont libéré la majorité religieuse et conservatrice du pays du joug de l'élite laïque et des interventions politiques de l'armée n’a pas obtenu les 400 sièges qui lui auraient permis de procéder aux si attendus changements constitutionnels. La bataille institutionnelle sera encore longue, mais il semblerait que les Turcs, inquiets des dérives autoritaires et islamisantes d’Erdogan, lui refusent cette majorité qui l’installerait encore à la tête de l’Etat, seul et sans rival, pour de nombreuses années encore… Il a en effet plusieurs fois reconnu publiquement sa volonté de garder les rênes du pays jusqu'en 2023 et le très symbolique centenaire de la République.
Mais les poursuites systématiques contre ses opposants, les assauts répétés contre la presse, le peu de cas qu’il fait depuis quelques années de son opposition comme de la ferme volonté laïque des Turcs, ont fait pâlir son étoile. Les élections du 1er novembre l’ont remis en selle, pas tout à fait confortablement, mais en selle quand même.
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