Algérie – « Nous savons des choses très graves que nous voulons dire au Président » (Khadija Toumi)

Algérie – « Nous savons des choses très graves que nous voulons dire au Président » (Khadija Toumi)

La semaine dernière, 19 personnalités algériennes de tous les bords demandaient à être reçues par le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, pour lui faire part de certaines informations qu’elles détiennent, mais aussi et surtout pour s’assurer par elles-mêmes de la capacité du président à assumer ses fonctions. C’est le premier ministre Abdelmalek Sellal qui leur a répondu, mais cela a suscité la réaction d’une des signataires, qui a affirmé des choses graves…

Ils sont héros de la guerre d’indépendance, personnalités politiques passées ou actuelles, intellectuel(les)… et ils sont signé un appel au président Bouteflika pour le rencontrer… Ils affirment que « des décisions dangereuses pour le pays se prennent au nom du Président » ; ils contestent « la substitution d’un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime au fonctionnement institutionnel légal »… Ils veulent donc rencontrer le président et s’expliquer avec lui mais, comme ils ne sont pas sûrs que leur demande parvienne à Abdelaziz Bouteflika, ils l’ont médiatisée.

Deux jours après, ce n’est pas le président qui répond, mais son premier ministre, celui qui conduit en réalité le pays et qui avait fait lui-même, en personne, la campagne électorale de Bouteflika, en 2014. Abdelmalek Sellal réagit donc en affirmant que « le chef de l’Etat est le seul garant institutionnel, et sans aucun autre, de la pérennité de l’Etat et de sa stabilité. A ma connaissance, nul sur la scène politique nationale n'est aussi soucieux que le chef de l'Etat de la souveraineté nationale… Celui qui veut accéder à la Présidence doit attendre les élections présidentielles prochaines ». Cette réponse sonne donc, dans l’esprit des 19, comme une fin de non-recevoir pour leur demande.

Cela a fait réagir l’une des signataires, l’ancienne ministre de la Culture (2002-2014) Khadija Toumi monte au créneau. Elle attaque : « Je remercie le Premier ministre pour l’intérêt qu’il porte à notre démarche, puisqu’il s’est senti obligé de se prononcer. Cependant, avec tout le respect que je dois à sa personne et au rang qu’il occupe, je lui rappelle que le respect du fonctionnement institutionnel aurait voulu qu’il se rende compte que notre lettre est adressée au président de la République et non pas à lui. Qu’il se rende compte, aussi, que le respect du fonctionnement institutionnel aurait voulu qu’il ne détourne ni le courrier ni la parole du Président. Car, avec sa réaction, il ne fait qu’apporter de l’eau à notre moulin (…). (L’entourage du président) est en train de démontrer que tout ce que nous avons écrit est vrai. Ils ont peur de ce que nous allons dire au président de la République. Et moi je leur dis : vous avez raison d’avoir peur, car nous savons des choses très graves commises contre l’Algérie, son peuple, ses institutions et son indépendance ».

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