Mohamed Hassan Bensalah claque la porte de la Samir, et dit rugueusement pourquoi

Mohamed Hassan Bensalah claque la porte de la Samir, et dit rugueusement pourquoi

Cela devait arriver, et c’est arrivé. Les actionnaires de la Samir commencent à se désolidariser des agissements du patron de Corrall (et de la Samir), le Saoudien al-Amoudi. En effet, Mohamed Hassan Bensalah, PDG d’Holmarcom, vient d’annoncer sa démission du conseil d’administration du raffineur. Le communiqué – incendiaire – qu’il a fait publier donne les raisons de sa décision.

« Face à la paralysie qui prévaut depuis le 5 août dernier dans l’affaire de la société la SAMIR, je suis particulièrement affligé d‘assister à la dérive d’un géant de l’économie marocaine.

C’est avec beaucoup de regret que j’ai démissionné de mes fonctions de Membre du Conseil d’Administration de la SAMIR ; démission que j’ai présentée séance tenante, lors de la réunion du 17 novembre (…).

Je tiens à exprimer à travers cet acte mon désaccord avec l’attitude de l’actionnaire majoritaire qui a manqué aux engagements publiquement annoncés pour la recapitalisation de la raffinerie, et notamment lors de l'assemblée générale extraordinaire du 16 octobre 2015.

Je déplore par ailleurs la démarche de l'actionnaire majoritaire et du top management nommé par ses soins, qui ont réduit le rôle du conseil d'administration à celui d'un organe d'enregistrement des décisions prises par eux ».

On ne peut être plus clair, plus incisif et plus décidé. Le sheikh al-Amoudi n’a pas respecté ses engagements pris lors de l’AG du 16 octobre. Il avait en effet promis de verser, avant le 15 novembre, sa quote-part d’augmentation du capital, soit 6,7 milliards de DH, comme l’indiquent nos confrères de Medias24, qui ont suivi de très près, et avec la plus grande rigueur et précision, l’affaire du raffineur depuis son éclatement en août.

Or, comme le précise le directeur de la publication de Medias24 Naceureddine Elafrite dans un article intitulé « al-Amoudi défie l’Etat marocain », « al-Amoudi passe à l’attaque contre l’Etat marocain et veut utiliser la justice comme bouclier pour ne pas payer ses dettes ». Notre éminent confrère explique en substance que la stratégie déployée par le milliardaire saoudien est déclinée dans un article sur as-Sharq al-Awsat (le lien est dans l’article de Médias24) et consiste à expliquer que le Maroc a bénéficié de l’expérience de Corrall et que lui, al-Amoudi, ne ferait rien si les autorités publiques marocaines ne lui font pas le cadeau fiscal qu’il attend d’eux.

La démission de Bensalah, homme d’affaires d’expérience bien au fait des coulisses financières de la Samir,  met la stratégie d’al-Amoudi à mal car les précisions qu’il apporte dans son communiqué  serviront très certainement à charge du Saoudien dans le cas – hautement vraisemblable désormais – où la justice, nationale ou internationale, doive se prononcer sur le cas de la Samir. Plus grave est encore la dénonciation par Bensalah de la gestion du raffineur « en bande » par le Saoudien, un comportement qui met en danger la sécurité énergétique du Maroc.

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