Crise ouverte entre Riyad et Téhéran après l’exécution d’un chef chiite

Crise ouverte entre Riyad et Téhéran après l’exécution d’un chef chiite

Samedi 2 janvier, l’Arabie Saoudite exécute 47 personnes d’un coup, des gens qu’elle a condamnés pour « terrorisme ». L’une des personnes tuées est le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, figure de la contestation contre le régime. Son exécution a attiré sur les Saoudiens et la famille royale les foudres de l’Iran, de même que de larges contestations internationales. Les condamnés - 45 Saoudiens, un Égyptien, un Tchadien -, jugés dans différentes affaires, ont été exécutés au sabre ou par balles dans douze villes du royaume.

Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, virulent critique de la dynastie sunnite des Al-Saoud, a été la figure de proue du mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l'est de l'Arabie où vit l'essentiel de la minorité chiite. Le cheikh al-Nimr s’était également distingué par quelques prêches provocateurs, notamment celui où il s’était réjoui de la mort du prince héritier Nayef, en 2012. Un an plus tôt, il avait appelé l’est du pays à faire sécession, et à fusionner avec le royaume voisin de Bahreïn, ébranlé à l’époque par la révolte de la majorité chiite contre la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

Le cheikh, exécuté pour activités terroristes, étai donc un opposant à la famille des al-Saoud, et non un jihadiste ayant commis, ou préparé, des actes terroristes. mais les Saoudiens ont tout mis dans le même panier, ce qui leur a valu les critiques de la communauté internationale.

Le soir de ce même samedi, des manifestations « spontanées » se sont tenues à Téhéran et des cocktails Molotov ont été jetés à l’intérieur de l’ambassade saoudienne en Iran, certains manifestants ayant même pu pénétrer à l'intérieur de l'enceinte diplomatique avant d'en être évacués par la police. Ailleurs dans le monde chiite, les responsables ont également formulé des protestations. Ainsi en Irak par exemple, où le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a fait part d'un « énorme choc » et a averti du potentiel déstabilisateur de l'exécution de Nimr.

Sur le plan officiel, l'Iran a ainsi vigoureusement condamné l'exécution du dignitaire religieux saoudien et affirmé que le gouvernement saoudien allait payer un « prix élevé » pour cet acte. Plus tard, le ministère saoudien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre « les déclarations agressives » de Téhéran, estimant qu'elles représentent « une flagrante ingérence dans les affaires du royaume ».

Le gouvernement saoudien a par ailleurs sévèrement critiqué Téhéran pour sa réaction, accusant que l'Iran, pays « sans vergogne, de fulminer au sujet des droits de l'Homme alors que Téhéran mène des exécutions sans cadre légal clair ». Le porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères a ajouté que le régime iranien était bien « le dernier à pouvoir accuser d'autres de soutenir le terrorisme ».

Pour sa part, le Mufti général d’Arabie Saoudite a déclaré que le verdict était « clair, juste et loyal » et qu’ « il se fondait sur le Sounna et les commandements de Dieu ; ces exécutions apporteront la paix et la sérénité au pays »...

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