Loubna Abidar n'a pas obtenu le César de la meilleure actrice
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- 26 février 2016 --
- International
Vendredi 26 février, se tenait la 41ème Cérémonie des César au Théâtre du Châtelet, à Paris. Le Maroc est intéressé par cette soirée de récompenses des films et des acteurs car il y compte une de ses citoyennes, la très controversée Loubna Abidar. La prestigieuse récompense a été décernée à Catherine Frot pour Marguerite. Loubna Abidar, 31 ans, était en compétition pour le César de la meilleure actrice avec une pléiade de grandes actrices dont Isabelle Huppert, Catherine Deneuve, Cécile de France, Soria Zeroual. « Etre nommée au César, cela m’a donné la force de nouveau pour me battre ». Elle en aura, donc…
Surexposée, surmédiatisée, et elle-même surexcitée, elle en est à son premier véritable rôle au cinéma et a pourtant été nommée dans la catégorie de la "meilleure actrice" et pas du "meilleur espoir féminin".
Comment est attribué un César ?
Les César sont attribués par un vote secret à deux tours, en ligne ou par correspondance, auquel peuvent participer les 4.276 membres de l'Académie des arts et techniques du cinéma.
Le premier tour désigne les nominés, dans chaque catégorie, en fonction du nombre de suffrages qu’ils ont obtenu. Le second tour distingue les lauréats, toujours dans chaque catégorie, et toujours selon un décompte des voix des membres de l’Académie.
Consécrations et prix de Loubna Abidar pour Much loved
En août 2015, Loubna Abidar a obtenu le prix de la meilleure actrice au Festival d’Angoulême.
En octobre, elle a également remporté le Grand Prix Asturias de la meilleure actrice de la 53ème édition du Festival international du film de Gijon en Espagne.
En décembre, elle a aussi reçu le « Bayard » de la meilleure comédienne pour son rôle à l’occasion de la 30ème édition du Festival International du Film Francophone que l’actrice marocaine.
Ses déclarations de ce matin, sur Europe1
« Vous êtes une femme menacée de mort au Maroc depuis la projection du film Much Loved », questionne d’emblée la journaliste d’Europe1. Loubna Abidar ne dément pas, mais se laisse aller à sa joie.
La journaliste qui l’interviewait aujourd’hui même lui demande pourquoi elle est en situation irrégulière en France, et Loubna Abidar répond que pour avoir un visa de travail, elle doit retourner le demander au Maroc, et « ça, c’est bien sûr impossible ». L’actrice marocaine dit qu’elle en avait parlé avec l’ancienne ministre de la Culture Fleur Pellerin, mais celle-ci n’étant plus au gouvernement, alors elle doit rencontrer ce soir, en marge de la cérémonie, Audrey Azoulay, nouvelle ministre de la Culture en France.
La situation est quand même cocasse, quasi comique… une actrice marocaine en délicatesse avec le Maroc et les Marocains, qui avaient donné 48 heures au roi du Maroc pour la recevoir (avant de se rétracter il est vrai, et de s’excuser quelques heures après), doit voir la fille du conseiller du même roi pour essayer de régulariser sa situation… Ah qu’elles sont compliquées, ces relations franco-marocaines…
Loubna Abidar précise qu’elle ne peut vraiment pas revenir au Maroc « où l’Etat ne la protège pas et où on ne la respecte pas ». La comédienne reconnaît qu’elle « parle trop » et que pour ça elle doit payer, et elle dit aussi attendre 20 ans, « pour voir ce qu’ils vont dire à ce moment-là ».
Qu’en dire ?
Peut-on lui reprocher de dire ce qu’elle dit et de faire ce quelle fait, Loubna Abidar ? Honnêtement non. Les Marocains l’ont massivement rejetée et vouée aux gémonies pour son rôle dans un film qu’ils ont considéré être préjudiciable à l’image du Maroc. Ils pensent que cela est de leur droit et de leur devoir. Fort bien, mais alors, pourquoi et au nom de quel principe dénier le droit à la jeune femme de penser à sa carrière ailleurs ? Doit-elle demander pardon, battre sa coulpe, ravaler sa langue et mettre un terme à sa carrière pour satisfaire les uns et les autres ? Assurément non, car cela serait un déni de liberté pour elle, dont elle ne sortirait grandie, ni elle ni la société qui l’a rejetée.
Que celles et ceux qui l’ont rejeté aient, quand même, un peu de charité musulmane (puisque l’argument religieux n’est jamais loin chez eux) pour avoir de la compassion pour une femme qui a été obligée de quitter son pays et ses proches, poussée vers la sortie du pays par ses compatriotes.
Finalement, Loubna Abidar a réagi à la marocaine et comme une marocaine aux réactions épidermiques des Marocains et des Marocaines !
Mais qu’elle, à son tour, sache se taire un peu, « moins parler », pour reprendre son argument, et moins invectiver son pays d’origine.les choses seront plus faciles pour elle, certainement, et ainsi, elle pourrait s’aménager une issue de retour dans ce Maroc qu’elle dit tant aimer… Et surtout, qu’elle abandonne cette idée si saugrenue - et tellement provocatrice – de rédiger un bouquin sur l’islam radical. Ça fait désordre quand même, en l’absence de quelques diplômes ou d’une (vraie) expérience de terrain…
Il reste à lui souhaiter bon vent, dans sa nouvelle carrière et sa nouvelle vie. Et que la raison puisse l'emporter, un jour...
Aziz Boucetta
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