Vibrant hommage de Miriem Bensalah en faveur de la parité

Vibrant hommage de Miriem Bensalah en faveur de la parité

Les cérémonies se suivent et se ressemblent (presque) à l’occasion de la Journée internationale de la Femme. Chacun y va de son couplet et décline ses idées en la matière. Cela a une toute autre allure quand c’est une femme qui parle de ses semblables et de l’égalité des genres, et cela prend une autre dimension quand cette femme est la patronne des patrons…

Miriem Bensalah Chaqroun, puisque c’est donc d’elle qu’il s’agit, s’exprimait ce mercredi 9 mars devant un aréopage de chef(fe)s d’entreprises, lors d’une rencontre organisée sous le thème « Parité & égalité: quelles réalités et quelles stratégies managériales des entreprises ? ». Elle en a profité pour développer sa pensée sur les femmes en milieu actif, en général, et dans l’entreprise, en particulier.

Ainsi, MBC a-t-elle commencé par rappeler qu’ « au Maroc, il y a un prise de conscience du fait que la parité est un enjeu capital pour le développement de la société marocaine avec ses différentes composantes, et la composante économique occupe un rôle essentiel dans cette dynamique ». Ce qui est vrai, malgré les réticences et les résistances.

A ce propos, et évitant soigneusement de commettre l’erreur de dire quelque chose qui se retournerait contre elle (les défenseurs de la Tradition étant toujours en embuscade), la présidente de la CGEM  explique que « les défis (pour l’intégration des femmes) sont multidimensionnels. Ils reposent sur une volonté politique, une transition culturelle et sociétale et ne peuvent être surmontés qu'au prix d'un changement profond au niveau de l'éducation et de la formation ». Les croyances et les habitudes sont encore bien ancrées dans les esprits, en effet, et pour faire évoluer les choses, il faut attendre au moins une génération, mais à la condition de commencer le travail de sensibilisation à la question de l’égalité au niveau de l’école. Inscrire les principes de lutte contre les discriminations et ceux de la parité dans la constitution, c’est bien, mais c’est encore très insuffisant, sans l’adhésion de tous. Et Bensalah Chaqroun de rappeler que l’attitude pour la parité « relève de la conviction. Je pense notamment aux stéréotypes culturels et aux représentations discriminantes sociétales, y compris dans le monde du travail ».

Après cette rapide escapade en dehors du monde de l’entreprise, MBC y revient en affirmant que « si l'accès au travail ne semble pas être un facteur majeur de discrimination, encore faut-il que les femmes soient – à compétence, ancienneté et responsabilité égales – payées autant que les hommes et avoir les mêmes chances d'accéder aux postes de direction.  Et là, nous sommes encore loin de l'écart de 17,4% seulement qui existe au niveau des salaires, en Europe, ou encore le taux de 12% de femmes parmi les PDG des entreprises en Suède ». Si même en Suède, elles ne sont que 12%, de sombres et longs moment attendent encore les Marocaines en matière d’égalité…

A la CGEM, explique sa présidente (qui en est à son deuxième mandat), « la Charte de responsabilité sociale de la Confédération place la question de l’égalité expressément parmi ses objectifs ». Et de fait, la parité a été statutairement introduite, juste après l’arrivée de la présidente à son poste, pour ce qui concerne notamment « la parité au niveau des différents organes décisionnels, concernant la désignation des membres cooptés au niveau du Conseil d’Administration et du Conseil National de l’Entreprise ». De plus, les salariés permanents de la CGEM sont aujourd’hui à 60%... des salariées.

Et pour le Label RSE (Responsabilité sociale de l’entreprise) décerné chaque année, le jury patronal évalue les efforts consentis en matière de « genre ». Et MBC de lancer un appel pour que « dans tout projet d’entreprise, la stratégie pour une égalité des chances doit être portée à haut niveau par le top management et partagée en interne à tous les niveaux de la hiérarchie », sachant que selon plusieurs études, rappelle-t-elle, « de nombreuses études, menées dans différents pays, ont démontré une corrélation positive entre la mixité et la performance des entreprises » et que les organismes  internationaux de financement « sont de plus en plus regardants sur les politiques « genre » pour le financement des projets ».

Ainsi, dans l’entreprise, les esprits sont sensibilisés, ce qui est déjà un bon départ, mais le passage à l’action nécessitera encore du temps, du fait des croyances sociales et des postures sociétales. Au Maroc, c’est au niveau supérieur que la mise en responsabilité des femmes est plus ancrée. Pas au gouvernement, mais plus haut, dans les nominations, mais là aussi, là encore, on peut dire « peut mieux faire »…

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