Salah Abdeslam est arrivé en France, les détails

Salah Abdeslam est arrivé en France, les détails

Près de 6 mois après les sanglants attentats suicides de Paris, le seul survivant Salah Abdeslam est enfin arrivé en France, extradé par la Belgique où il a été arrêté. Transporté en hélicoptère, au petit matin, et sous escorte de Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), il a été immédiatement présenté à ses juges.

Le transfèrement

« Préparé » au courant de la nuit pour ce transfèrement décidé la semaine dernière, le suspect n°1 des attaques de Paris (Terrasses, Stade de France et Bataclan) qui ont fait au moins 130 morts et 350 blessés a été transféré en hélicoptère, étroitement cerné, menotté mais non cagoulé, par les gendarmes d’élite du GIGN. Il a atterri à l’aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris, vers 9h.

Les gendarmes avaient initialement pensé à le convoyer en voiture mais le trajet, au-delà de la durée de 4 heures, présentait le risque d’embuscade de complices jihadistes. La décision d’utiliser l’hélicoptère a été prise mardi 26, veille du transfèrement, et le trajet a aussi été décidé à la dernière minute, suivant l’itinéraire terrestre, pour le cas où un atterrissage d’urgence aurait été envisagé.

Le moins que l’on puisse dire, en Europe, c’est que la sécurité ne règne pas, surtout que les deux personnes qui se sont montrées les plus étonnées par la rapidité de ce transfèrement sont les avocats d’Abdeslam, le Belge Sven Mary et le Français Franck Berton.

Sitôt après son audition par les juges, Salah Abdeslam ira dans sa cellule individuelle de Fleury Merogis (ci-contre), dans la banlieue parisienne, où il sera placé sous la garde d’un peloton spécialement dédié à sa surveillance, aussi bien pour déjouer une peu probable opération d’évasion que pour éviter un suicide du (présumé) terroriste.

La procédure et les questions ?

Voici ce que dit de Salah Abdeslam son avocat belge Me Mary, qui s’est constitué défense de l’inculpé pour des raisons de droit bien plus que par une quelconque empathie pour celui qu’il considère comme un assassin : « C’est un petit con de Molenbeek issu de la petite criminalité, plutôt un suiveur qu’un meneur. Il a l’intelligence d’un cendrier vide, il est d’une abyssale vacuité. Il est l’exemple parfait de la génération GTA [Grand Theft Auto] qui croit vivre dans un jeu vidéo. Lui et ses copains ont réussi à rendre antipathique toute une religion. Je lui ai demandé s’il avait lu le Coran, ce que j’ai fait, et il m’a répondu qu’il avait lu son interprétation sur Internet. Pour des esprits simples, c’est parfait, le Net, c’est le maximum qu’ils puissent comprendre ».

Mais le même avocat précise que son client est une mine d’or, disposé à parler, communiquant volontiers, car prenant la mesure de ce qu’il a fait et du fait, aussi, qu’il est désormais en « sécurité » par rapport à Daech.

Les juges parisiens lui poseront donc les questions suivantes :

  • Quelles ont été les étapes et les modalités de la préparation des attentats ?
  • Quel rôle a-t-il joué dans cette préparation et le 13 novembre au soir, à Paris ?
  • Pourquoi a-t-il renoncé à actionner sa ceinture d’explosifs au dernier moment ?
  • Pourquoi les terroristes sont-ils arrivés en retard au Stade de France ?
  • Qu’a-t-il fait après avoir abandonné sa ceinture d’explosifs et comment a-t-il été exfiltré ?
  • Les noms de tous les complices, vivants ou morts, et leurs parcours d’Europe en Syrie, et retour ?
  • Et, bien entendu, les juges essaieront de savoir s’il y a encore des jihadistes en Europe.

Salah Abdeslam, dès son arrestation en Belgique, s’était montré coopératif et disert, mais sitôt après les attaques de Bruxelles, il s’était muré dans le silence. A Paris, il aura le choix entre la confession spontanée et exhaustive, ou l’interrogatoire. Selon un de ses défenseurs, cette dernière option pourrait lui valoir un régime allégé en haute sécurité…

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