La présidente du Brésil, non corrompue, destituée… par des corrompus !

La présidente du Brésil, non corrompue, destituée… par des corrompus !

Le Sénat brésilien, avec une large majorité de 55 élus sur 80, a prononcé l'ouverture d'un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff, accusée d'avoir maquillé les comptes publics pour faciliter sa réélection en 2014. Ecartée donc du pouvoir, Mme Rousseff est remplacée par le vice-président Michel Temer, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), et chargé d'assurer l'intérim.

Première femme élue à la tête de la première puissance économique d'Amérique latine, Dilma Rousseff, 68 ans, qui a dénoncé à de multiples reprises un « coup d'Etat institutionnel », s'est montrée combative jusqu'au dernier moment.

Au terme de ce procès en destitution, d'une durée maximale de 180 jours, une majorité des deux tiers, soit 54 voix sur 80, sera nécessaire pour acter la destitution de Dilma Rousseff. Dans cette hypothèse, Michel Temer (crédité de 1 à 2% d’intentions de vote en cas d’élection) assurerait la présidence jusqu'à la fin de son mandat, le 31 décembre 2018. Vu le nombre de sénateurs ayant prononcé sa mise à l'écart, sa destitution définitive ne devrait pas poser de problème, sauf coup de théâtre. Mais cela le Brésil semble en avoir l'habitude, et le secret.

Le plus grand pays d'Amérique latine va ainsi tourner la page de 13 ans de gouvernement du Parti des travailleurs (PT), entamée en 2003 avec l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, qui a présidé au boom socio-économique brésilien des années 2000.

Eduardo Cunha, le sulfureux président du Congrès des députés, à l’origine du processus de destitution de Mme Rousseff a été démis de ses fonctions par le Tribunal suprême fédéral pour avoir abusé de sa fonction en vue de se couvrir des accusations de corruption qui l’éclaboussent dans le cadre de l’enquête du géant pétrolier national, Petrobras. Or, la présidente n’est accusée que de maquillage de comptes publics pour faciliter sa réélection, une ficelle utilisée par tous les présidents brésiliens depuis 20 ans ; elle n’est en revanche convaincue d’aucune responsabilité dans le scandale Petrobras.

Des voix commencent déjà à s’élever parmi ses anciens contempteurs sur l’origine véritable de cette procédure de destitution, Mme Roussef étant la première femme à avoir accédé à la magistrature suprême dans ce pays très fortement machiste. De plus, elle gênait à sa fonction ceux, très nombreux, qui ont trempé dans le scandale de corruption qui secoue la nomenklatura du pays.

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