Le président du Venezuela réquisitionne les usines et incarcère certains de leurs patrons
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- 16 mai 2016 --
- International
Après avoir instauré l’état d’urgence dans le pays, le président du Venezuela Nicolás Maduro a ordonné samedi la saisie des usines détenues par ceux qu’il appelle les bourgeois, mais qui sont en réalité ses véritables opposants. Les forces politiques de cette opposition ont mis en garde contre un risque d' « explosion » du pays.
En effet, Maduro a ordonné, samedi 14 mai, la réquisition des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l'emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays ». Pris dans sa verve, il a lancé à une foule acquise que « dans le cadre de ce décret en vigueur (...), nous prenons toutes les mesures pour récupérer l'appareil productif qui est paralysé par la bourgeoisie (...). Quiconque veut arrêter [la production] pour saboter le pays devrait partir et ceux qui le font doivent être menottés et envoyés à la prison générale du Venezuela ».
De fait, Nicolas Maduro a annoncé l' « état d'exception et d'urgence économique » dans la nuit de vendredi à samedi, affirmant qu'il entrait en vigueur pour 90 jours et qu'il le prorogerait jusqu'en 2017. Et dans la foulée, Il a annoncé des manœuvres militaires la semaine prochaine pour affronter ce qu'il dénonce comme une « menace extérieure », faisant référence aux Etats-Unis, qui justifie selon lui l'état d'exception. Il est vrai qu’un membre du renseignement américain a déclaré au Washington Post que les Etats-Unis savent qu’ « une crise est sur le point d'arriver », et que Maduro, échaudé par le sort de la présidente du Brésil voisin, Dilma Roussef, destituée par une procédure d’impeachment institutionnelle, veut éviter qu’un tel scénario se reproduise à Caracas.
Le Venezuela, autrefois riche producteur pétrolier grâce à ses réserves, les plus importantes au monde, est plongé dans une grave crise avec la chute des cours du brut, qui apporte 96% de ses devises.
Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive. Un recul similaire et une inflation atteignant les 700% sont anticipés pour 2016.
Coupures d'électricité quotidiennes, services publics opérationnels uniquement deux jours par semaines, pillages de commerces, protestations, lynchages : la situation devient chaque jour un peu plus chaotique.
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