Le président Erdogan « inquiet » de l’usage de la force contre les manifestants…en France

Le président Erdogan « inquiet » de l’usage de la force contre les manifestants…en France

On doit lui reconnaître cela… le président turc Recep Tayyip Erdogan ne laisse rien passer, quitte à plonger dans l’ingérence dans les affaires intérieures des pays. Il vient de se déclarer « inquiet » de l’usage de la force en France, par la police contre les manifestants.

« Je condamne la violence exercée par la police française contre les gens qui usent de leur droit de manifester. (…) [Les pays d’Europe] nous avaient fait remarquer qu’ils étaient inquiets de la situation en Turquie. Eh bien, moi aussi, je suis préoccupé par ce qui se passe en France ». Il est vrai que ces derniers temps, en France, la police a la main lourde, mais pas plus que les manifestants qui, la semaine dernière, ont mis le feu à un véhicule de police, avec ses occupants à l’intérieur.

Erdogan ne se laisse pas impressionner par l’asymétrie de sa comparaison. En effet, il n’hésite pas à mettre des opposants, généralement journalistes, en prison, de même qu’il vient de faire lever l’immunité parlementaire des députés, afin de pouvoir incarcérer les élus kurdes, qu’il range tous sous la même bannière de « terroristes ».

Le président truc a la rancune tenace car il répondait que critiques qui avaient été formulées contre lui, en 2013, quand les manifestants d’Istanbul avaient ébranlé son gouvernement, alors qu’il était encore Premier ministre. Les véritables batailles rangées  entre policiers et manifestants avaient fait 8 morts et plus de 8.000 blessés.

Peu avant son chef de l’Etat, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Tanju Bilgiç, avait lui aussi fait part de sa « préoccupation », invitant les autorités françaises à se garder de « tout usage excessif de la force ».

Cette réaction ne cache pas la dérive autoritaire du président turc, ni la contestation contre son pouvoir autoritaire, au sein même de son parti l’AKP. Dernièrement, c’est son ancien Premier ministre et pourtant très loyal Ahmet Davutoglu qui avait présenté sa démission suite à la crispation des relations avec l’Union européenne, avec laquelle le démissionnaire avait négocié l’accord sur les migrants. Erdogan était revenu sur l’une des 72 conditions exigées par Bruxelles pour supprimer le visa Schengen pour les citoyens turcs. Un échange âpre avait alors eu lieu entre le chef de l’Etat turc et la chancelière allemande Angela Merkel.

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