Une télé tunisienne crée le buzz dans un canular avec une fausse intervention de Ben Ali
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- 11 juin 2016 --
- International
Et subitement, l’ex-dictateur tunisien Zine el Abidine Ben Ali découvre les vertus de la justice et du droit… Exilé à Jeddah, en Arabie Saoudite, après sa fuite précipitée le 14 janvier 2011 de Tunis, l’ancien président s’estime diffamé par l’émission de caméra cachée « Allo, Jeddah », et lui a intenté un procès pour diffamation et usurpation d’identité.
L’émission déchaine les passions et met en évidence les véritables pensées des citoyens sur le départ précipité de l’ancien chef de l’Etat. Les réponses des uns et des autres en disent long sur l’état d’esprit des Tunisiens.
L’émission Allô Jeddah met en scène un humoriste – Wassim El Harissi alias Migalo – qui imite (à la perfection) la voix du président déchu et fait croire à des hommes politiques ou publics une liaison avec Ben Ali à travers l’opérateur Skype. Pour faire vrai, Ben Ali apparaît quelques instants sur l’écran, dans le studio, avant qu’une supposée défaillance technique ne laisse que la voix, mais sans image.
Plusieurs invités ont déjà défilé sur le plateau et leurs réactions ont été diverses… Ainsi, l’ancien député controversé pour ses positions sur les femmes El Kassas a d’abord affirmé que Ben Ali avait été victime d’un coup d’Etat, et qu’il n’était donc pas « déchu », il lui a même demandé de revenir à son pays en le rassurant qu’il était le bienvenu car il n’avait rien fait de mal. De son côté, un autre politicien islamiste, plutôt sulfureux, Imad Dghij, a « bien » répondu mais on dit qu’il a été prévenu de ce qui allait se produire sur le plateau. Pour sa part, un des partisans du retour de l’ex-dictateur Mondher Guefrech n’a pu retenir ses larmes en entendant celui qu’il pensait être Ben Ali. Enfin, le journaliste et écrivain Hassen Ben Othman a, quant à lui, demandé à l’ancien président, de rentrer au pays qui a grandement besoin de lui !
Il semblerait que Zinz el Abidine Ben Ali ait regardé deux épisodes de l’émission depuis sa retraite dorée à Jeddah, et qu’il ait très peu apprécié. Il a donc chargé son avocat de poursuivre la chaîne TV et de demander l’arrêt de Allo jeddah. Motif ? Usurpation d’identité et diffamation. La première audience est donc fixée au 14 juin. Les responsables de la chaîne, dont Moez Ben Gharbia, son directeur, sont invités à se présenter le jour dit au tribunal de première instance de Tunis pour un procès en référé et seront auditionnés pour les griefs qui leur sont reprochés.
Ben Ali tire profit, dans un hallucinant retour de situation, de l’ancrage de la Tunisie dans l’Etat de droit. Lui qui croyait si peu en la justice de son pays y a aujourd’hui recours comme n’importe quel citoyen, alors qu’il avait privé ses compatriotes de cette même justice.
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