Alain Juppé et l’islam de France
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- 14 juin 2016 --
- International
De passage à Casablanca en mai dernier, le maire de Bordeaux et candidat à la présidentielle en France Alain Juppé s’amusait (presque) du fait qu’on l’appelle « Ali Juppé » ou encore « le Grand mufti de Bordeaux ». Mais sa bonne humeur a des limites… Il propose aujourd’hui une relecture de l’islam de France afin de le rendre compatible avec les lois de la République.
Il y a « deux attitudes possibles sur l'islam : Si on considère qu’il est par construction incompatible, insoluble dans la République, c'est la guerre civile, ou alors, il peut y avoir aujourd'hui, il doit y avoir, une lecture du Coran et une pratique de la religion qui soient compatibles avec les lois de la République et avec tous nos principes y compris l'égalité entre les hommes et les femmes ».
Pour l’ancien Premier ministre du président Jacques Chirac, « il va falloir construire avec les responsables musulmans un accord entre la République et eux, notamment sur le financement des lieux de culte et la formation des imams », qui devront également délivrer autant que possible leurs prêches en français.
Par ailleurs, pour Alain Juppé, qui s’appuie sur des analyses du Coran faites par des chercheurs en France, en comparaison avec la constitution française, il y aurait plus de 400 versets du Livre saint des musulmans en conflit avec le droit français ; ce sont principalement ceux qui ont trait au statut des femmes, au droit successoral ainsi qu’au principe de la loi du talion. Il faudrait donc, idéalement, rendre compatible ces versets avec les lois de France… Mais Juppé est conscient de la difficulté de la chose et admet que la mise en œuvre d’un tel projet se heurtera à des difficultés pratiques : par principe, il n’existe pas dans l’islam sunnite de hiérarchie cléricale qui puisse trancher. Aucune instance, donc, ne peut donc disposer de l’autorité requise pour imposer une lecture normée du Coran.
Ces idées et propositions feront hurler les puristes du dogme religieux musulman, mais force est de constater, et même d’admettre, que ces propositions de Juppé ont le mérite de la clarté et de l’honnêteté. Lui, il est chrétien (« catholique pas très pratiquant », dit-il de lui-même), et comme 60 millions de Français, il ne voit pas de sacralité autre que les lois de la République. Il réfléchit, il propose, il soumet des idées et essaie d’avancer, bien mieux qu’une gauche idéaliste qui veut tout, son contraire, et n’importe quoi, et infiniment mieux qu’un Sarkozy dont on sent une réelle hostilité contre l’islam. Ne parlons même pas d’une femme comme Marine Le Pen.
Le problème de l’islam en France provient essentiellement de certains musulmans qui le placent au-dessus du droit positif. C’est avec ceux-là qu’il faut trouver une solution, et Ali Juppé (si on le qualifie comme cela, c’est précisément pour sa modération) s’y emploie.
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