Qu’est-ce que le Brexit, qui sera décidé ce jeudi 23 juin, et quel impact sur le Maroc ?

Qu’est-ce que le Brexit, qui sera décidé ce jeudi 23 juin, et quel impact sur le Maroc ?

Le Royaume-Uni vote aujourd’hui. Une consultation référendaire pour le maintien, ou non, du pays au sein des institutions de l’Union européenne. Quel que soit l’issue du vote, l’Europe est d’ores et déjà ébranlée, après la crise grecque, l’euro qui tangue et l’afflux des migrants. Explications pour mieux comprendre ce référendum, et son impact sur le Maroc.

1/ Brexit ?

C’est un néologisme créé par la combinaison des deux mots entre Britain et Exit, comme Grexit (Greece et exit) en son temps.

2/ Pourquoi les Anglais votent ?

Parce que leur insularité les a de tous temps maintenu à une certaine distance du « Continent ». La question revient depuis une vingtaine d’années, mais se fait de plus en précise et insistante depuis quelques années, depuis la crise de l’euro en 2008, depuis la crise grecque et depuis la crise des migrants qui affluent en grand nombre chez Sa Très Gracieuse Majesté.

Les Britanniques répondront à la question : « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? ». Les sondages sont très serrés depuis quelques semaines, mais le camp du maintien semble avoir repris des couleurs depuis l’assassinat au poignard d’une députée pro-Europe il y a quelques jours.

3/ Qui vote ?

Les Britanniques, bien sûr, mais aussi les Irlandais et les citoyens – même non anglais – de la cinquantaine de pays du Commonwealth résidents réguliers au Royaume-Uni !

4/  Les camps en présence

Les deux grands partis, conservateur et travailliste, sont très majoritairement pour le maintien, de même que les indépendantistes écossais. Les leaders du monde entier, indirectement concernés par les retombées de la sortie de la seconde économie européenne de l’UE, appellent au maintien également.

En face, de grands noms des deux partis traditionnels militent pour la sortie de l’UE, dont l’ancien maire de Londres, l’excentrique Boris Johnson, qui se voit un avenir de Premier ministre. La moitié, environ, de la population, mobilisée par ces grands noms, se déclare harassée par la perte de l’insularité britannique, qui est la marque de fabrique du Royaume-Uni. Les laissés pour compte, les chômeurs, les populations du sud, en contact direct avec les migrants et une grande partie des agriculteurs sont en faveur de la sortie.

5/ Les idées en confrontation

Les partisans de la sortie estiment que si le pays garde chez lui et pour lui  les contributions à l’UE, le Royaume-Uni se portera bien mieux. Ils refusent également les réglementations économiques, fiscales, commerciales et agricoles imposées par le Continent. Enfin, la politique migratoire de l’UE met en avant la Grande-Bretagne, destination privilégiée de la grande partie des réfugiés qui arrivent en groupes compacts.

A l’opposé, les partisans du maintien expliquent que la sortie du pays de l’UE isolera leur pays et le mettra en porte-à-faux par rapport à une Europe qui, quoi qu’on en dise, fonctionne. Ils martèlent avoir obtenu plusieurs importantes concessions de Bruxelles, sur les contributions, sur les réglementations… Et ils mettent en garde la population contre une récession, qui serait due à une augmentation mécanique des impôts pour compenser les avantages liés à la présence britannique au sein de l’UE.

6/ Et le Maroc ?

Le Maroc est un partenaire commercial de la Grande-Bretagne, à travers l’UE. Mais si Londres sort du groupe, ses relations deviendront bilatérales avec le Maroc et devront être renégociées. Et l’issue de ces négociations dépendra de la nouvelle réalité britannique. Les secteurs exportateurs marocains vers le Royaume-Uni sont essentiellement agricoles, phosphatiers, textiles et industriels automobiles.

Pour ces secteurs, il faudra s’adapter aux nouvelles normes de qualité qui seront édictées par les Britanniques. Au-delà du fait que cela nécessitera des efforts financiers et techniques, l’adaptation prendra surtout du temps, le Maroc n’étant pas une priorité pour Londres.

Par ailleurs, Londres étant un contributeur important au budget européen, et l’Europe étant un bailleur de fonds non négligeable pour le Maroc, il faudra s’attendre en cas de Brexit à une contraction des versements de Bruxelles pour Rabat.

Enfin, le spleen qui s’installera en Europe en cas de sortie du Royaume-Uni sera néfaste pour le climat des affaires. Bruxelles devra se réorganiser, les politiques seront bousculé(e)s et, mécaniquement, les entreprises également. Le Maroc pourrait en faire les frais.

Le wali de Bank al-Maghrib annonce une perte de 0,1 point de croissance en cas de Brexit, mais nul ne peut savoir quelles seront les véritables conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l’UE… ne serait-ce que parce que plusieurs éléments ne pourront intervenir, être analysés et compris que quelques mois, voire quelques années, après.

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