Les électeurs espagnols font preuve (d’un peu plus) de réalisme

Les électeurs espagnols font preuve (d’un peu plus) de réalisme

6 mois après les élections de décembre 2015 et après la crise politique inédite qui s’en est suivie, avec un blocage institutionnel et l’incapacité des partis politiques à former un gouvernement, les électeurs étaient appelés une seconde fois aux urnes ce dimanche 26 juin. Le parti populaire (PP) de Mariano Rajoy a consolidé ses positions, sans atteindre la majorité absolue, et le parti Podemos a reculé, contredisant les sondages et cédant la place de premier parti d’opposition au PSOE.

Ainsi, le PP a remporté 137 députés, 14 de plus que lors des élections de décembre qui avaient conduit à ce blocage politique. Il a en outre gagné 500.000 voix, mais la majorité absolue de 176 sur 350 à la chambre reste encore loin. Le Parti socialiste (PSOE) continue sa régression, n’ayant obtenu que 85 sièges, contre 90 en décembre, ce qui était déjà le pire résultat de son histoire récente, mais il reste la principale force d’opposition.

La coalition Unidos Podemos, formée par Podemos et le petit parti Izquierda Unida, talonne le PSOE en nombre de voix, mais reste loin derrière en termes de sièges, avec 71 députés. Enfin, les libéraux de Ciudadanos, quatrième des principales formations et nouveau venu sur la scène nationale, ne peut compter que sur 32 députés, loin des 40 remportés en décembre.  

Mariano Rajoy et son parti ont sans doute bénéficié du Brexit qui a conduit nombre d’électeurs espagnols à voter « utile », retirant des voix à Ciudadanos. Le chef du gouvernement sortant réclame le droit de gouverner, et attend que le parlement tienne sa séance inaugurale, le 19 juillet, pour que le roi Felipe VI, après avoir reçu les chefs de partis, le charge de former un gouvernement. En effet, avec ses 137 élus, Rajoy se tournera vers Ciudadanos, dont le chef Albert Rivera a annoncé qu'il était prêt à commencer ces discussions, fort de 32 députés. A eux deux, le PP et Ciudadanos totalisent 169 élus, 7 de moins que la majorité absolue.

Des voix s’élèvent déjà dans les médias pour demander au PSOE d’écouter les électeurs qui souhaitent le voir rester dans l’opposition. Cela signifie qu’il est appelé à s’abstenir lors du vote de confiance au gouvernement que présentera Rajoy au parlement, afin de lui permettre de s’installer, même minoritaire. Mais ce n’est pas gagné, car les dirigeants socialistes ont indiqué ce lundi que « Nous n'appuierons Rajoy ni par action ni par omission, car c’est la vocation du PSOE d’évincer le PP ».

Pablo Iglesias, chef de Podemos, a d’ores et déjà admis sa défaite. « Nous ne sommes pas satisfaits des résultats, nous espérions autre chose », a-t-il sobrement annoncé dimanche soir. Son jeune parti, créé voici deux ans à peine, a perdu 1,2 millions de voix, même s’il maintient son score électoral de décembre. « Podemos finira par gouverner un jour ou l’autre », prédit Iglesias. Certes, mais il faudra attendre…

Pour le Maroc, le vote est important car les relations avec le PP sont excellentes, admet le chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar, et Mariano Rajoy et son gouvernement ont adopté à l’égard du Maroc des positions décisives avec l’Europe ou à l’ONU.

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