Theresa May succède à David Cameron à la tête du parti et devient Premier ministre du Royaume-Uni

Theresa May succède à David Cameron à la tête du parti et devient Premier ministre du Royaume-Uni

Les Anglais resteront les Anglais, avec leur insularité et leurs particularités souvent égoïstes et chauvines, mais ils resteront ce grand peuple inventeur de la démocratie moderne. Moins de trois semaines après le Brexit, le Premier ministre quitte son poste et c’est une femme, la première depuis Margaret Thatcher en 1979, qui dirigera le gouvernement de Sa Majesté.

Initialement, le changement à la tête du pays devait se faire en octobre, quand le congrès des conservateurs se sera réuni pour désigner le successeur de David Cameron. Mais les choses se sont accélérées cette semaine après un premier tour pour départager les candidats à la succession à la tête du parti, et donc du gouvernement. Le vote a permis de distinguer deux femmes, la ministre de l’Intérieur Theresa May et la secrétaire d'Etat à l'Energie Andrea Leadsom, mais avec un tel écart que cette dernière s’est dignement retirée.

« Il n'y a pas de plus grand privilège que de diriger le Parti conservateur lorsqu'il est au gouvernement et j'aurais été profondément honorée de le faire. J'ai toutefois conclu que les intérêts de notre pays seraient mieux défendus par la nomination, sans attendre, d'un premier ministre ayant les coudées franches, disposant d'un large soutien. Aussi, je me retire de l'élection à la tête du parti et je souhaite à Theresa May de réussir pleinement ». So British…

Le Brexit a bousculé tout le monde, et les atermoiements de David Cameron à déclencher la procédure de sortie de l’Union européenne ont précipité les choses. « Nous aurons un nouveau ministre dans ce bâtiment derrière moi mercredi soir », a déclaré le premier ministre devant le 10, Downing Street, ajoutant qu’il présenterait sa démission à la reine mercredi après les questions au Parlement.

Quant à Theresa May (59 ans), elle a été elle-même surprise par le déroulement des événements. « Brexit veut dire Brexit. Nous allons en faire un succès », a ainsi proclamé la future première ministre, dont la dureté dans les négociations est proverbiale. Elle a affirmé ce lundi 11 juillet que sa campagne pour devenir chef du gouvernement était basée sur le « besoin de négocier le meilleur accord pour le Royaume-Uni qui sort de l’UE et l’établissement d’un nouveau rôle pour [le pays] dans le monde ».

Critiquant en creux le bilan de David Cameron, elle a dressé un diagnostic sévère de la situation du pays où l'espérance de vie est bien moindre chez ceux qui sont issus d'un milieu pauvre et où l'on n'est pas égal devant l'éducation, la santé et l'emploi. Les noirs, les jeunes, les femmes et les handicapés chacun a eu droit à sa petite attention. « Sous mon autorité, le Parti conservateur se mettra, complètement, clairement absolument au service de ceux qui travaillent ».

Theresa Mary May, née Brasier le 1er  octobre 1956 à Eastbourne, est élue députée de la circonscription de Maidenhead en 1997. Elle entre au cabinet fantôme en 1999 et y exerce différentes responsabilités. Après les élections législatives de 2010, elle est nommée secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement de coalition de David Cameron. Elle est la deuxième femme, après la travailliste Jacqui Smith, à occuper cette fonction. Elle mène une réforme de la police et adopte des politiques restrictives sur les drogues et l'immigration. Elle est également ministre des Femmes et des Égalités de 2010 à 2012.

En 2013, Theresa May obtient l'extradition du prédicateur radical Abou Qatada vers la Jordanie, après une bataille juridique longue d'une dizaine d'années et qui a coûté au contribuable britannique 1,7 million de livres sterling et que de nombreux secrétaires d'État à l'Intérieur n'avaient pu résoudre. Theresa May avait alors négocié directement avec la Jordanie un accord garantissant à l'accusé un jugement équitable.

La future première ministre est une vraie eurosceptique, même si elle avait appuyé David Cameron lors de sa campagne en faveur du maintien du pays au sein de l'Union européenne. La ministre de l'Intérieur est considérée en Grande-Bretagne comme la « nouvelle Margaret Thatcher ». L'étiquette lui a été immédiatement accolée, avant même que Theresa May ne puisse sérieusement aspirer à diriger le Royaume-Uni. Consciente de la valeur symbolique qu'a laissé le souvenir de la Dame de fer dans son camp, cette dame austère n'a jamais démenti le qualificatif ni refusé la comparaison.

Libérales économiquement, les deux femmes ont été souvent comparées pour leur détermination et pour avoir mené des politiques implacables. Quand Margaret Thatcher a combattu frontalement les puissants syndicats ouvriers à la fin des années 70, Theresa May s'est forgée au ministère de l'Intérieur une réputation de fermeté face aux syndicats de policiers, voire d'intransigeance sur les questions d'immigration et vis à vis du radicalisme religieux. Souverainistes assumées, toutes deux ont souvent affiché leur scepticisme à l'égard de la construction européenne.

Theresa May est membre de l'Église d'Angleterre et se rend régulièrement aux services du dimanche. Elle est la fille d'un pasteur anglican et déclare à propos de sa foi qu'elle « fait partie de moi et donc de la manière dont je vois les choses ».

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