Les Algériens réagissent (très mal) à la demande US de recensement dans les camps de Tindouf

Les Algériens réagissent (très mal) à la demande US de recensement dans les camps de Tindouf

Il y a une semaine, un avant-projet du budget 2017 des Etats-Unis était publié, mentionnant une demande de recensement des populations de Tindouf. Maîtres du monde et acteur majeur à l’ONU, les Américains souhaitent faire pression sur Alger pour procéder à ce recensement, demandé par les Nations-Unies.

Les Algériens ont réagi avec virulence. Leur ambassadeur à Washington Madjid Bougherra a fait part, dans une lettre adressée à la congressiste américaine Betty McCollum (amie de l’Algérie), de sa « profonde déception et inquiétude » vis-à-vis du projet de budget américain de 2017. Le diplomate indique que  «l’ambassade d’Algérie ne comprend pas et n’accepte pas cette référence indue de l’Algérie dans le contexte d’un problème dont elle ne fait pas partie ». Puis la menace… : « J’attire respectueusement votre attention sur le caractère sérieux et sur les conséquences que pourrait avoir une disposition injustifiée et inacceptable ».

Pour sa part, Sean Duffy, le président d’Algeria Caucus, le groupe parlementaire d’amitié entre les deux pays, mobilisé en catastrophe par les Algériens, estime que « garder cette disposition dans le projet final de budget endommagerait la relation de Washington avec Alger, qui a été un partenaire sécuritaire important dans la région, et donnerait la mauvaise impression que les États-Unis ne soutiennent plus l’effort de médiation menée par l’ONU concernant l’avenir du Sahara Occidental ».

Les Américains, à la manœuvre pour le dossier du Sahara à l’ONU, semblent donc avoir pris conscience de cette anomalie dans la position algérienne qui, au-delà de se déclarer étrangère à une affaire où elle s’implique tant, appelle à l’organisation d’un référendum, mais en occultant la condition première d’une telle opération, en l’occurrence la détermination et l’identification du corps électoral.

En demandant le recensement, les Etats-Unis savent bien qu’ils obligeront le Maroc, mais ils restent attachés à la logique des choses. Un référendum implique le recensement de la population concernée ; or, comme celle-ci vit sur le sol algérien, il est donc naturel de réclamer des efforts au gouvernement d’Alger, qui n’a toujours pas directement réagi.

Ainsi que nous le disait une source diplomatique marocaine à Kigali, au Rwanda, en marge des travaux qui ont été marqués par la demande d’adhésion du Maroc, « les Algériens sentent le vent tourner, et se trouvent désarçonnés par l’initiative marocaine. Ils ne pourront plus tenir longtemps ». On peut dire, sans crainte d’erreur, que la position américaine sur le recensement leur compliquera encore plus la tâche, les obligeant à se mettre en avant, soit en acceptant le recensement avec tous les problèmes qu’il induit (car le Maroc aura son mot à dire sur les populations recensées), soit en le refusant, décrédibilisant ainsi leur revendication de l’autodétermination.

AB

Commentaires