Nouakchott se prépare (difficilement) pour son Sommet arabe, après le refus du Maroc de l’accueillir

Nouakchott se prépare (difficilement) pour son Sommet arabe, après le refus du Maroc de l’accueillir

Le Maroc avait décidé en février dernier de ne pas accueillir le Sommet arabe qui devait se tenir à Marrakech en avril. C’est la Mauritanie qui avait alors décidé de relever le défi de l’organisation d’une rencontre entre chefs d’Etat et de gouvernements arabes. Les délégations ont commencé à arriver à Nouakchott cette semaine et le Sommet sera comme à l’accoutumée précédé d’une réunion des chefs des diplomaties arabes. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu…

Le Maroc renonce à accueillir le Sommet

Le 19 février, donc, un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères était tombé comme un couperet, dans le style désormais habituel de la diplomatie royale, direct, franc et tranchant au besoin. Il disait ceci :

« Au regard des défis auxquels fait face le monde arabe aujourd'hui, le Sommet arabe ne peut être une fin en soi ou devenir une simple réunion de circonstance. Les conditions objectives pour garantir le succès d'un sommet  arabe, à même de prendre des décisions à la hauteur de la situation et des aspirations des peuples arabes, ne sont pas réunies.

Face à l'absence de décisions importantes et d'initiatives concrètes, à même d'être soumises aux Chefs d'Etat arabes, ce sommet ne sera qu'une occasion d'adopter des résolutions ordinaires et de prononcer des discours qui ne feront que donner une fausse impression d'unité et de solidarité entre les Etats du monde arabe.

Le monde arabe traverse, certes, une période difficile. L'heure de la vérité a sonné. Les leaders des pays arabes ne peuvent se contenter, une nouvelle fois, d'un simple diagnostic amer de la situation de divergences et de  divisions que vit le monde arabe, sans fournir des réponses collectives décisives et fermes susceptibles de faire face à cette situation, que ce soit en Irak, au Yémen ou en Syrie, où les crises se compliquent davantage à cause  des nombreuses manœuvres et des agendas régionaux et internationaux.

De même, les leaders des pays arabes ne peuvent rester les bras croisés face aux problèmes économiques et sociaux de leurs peuples, ou se contenter de voir en spectateur les drames que vit le citoyen arabe ».

Il fallait dès lors chercher un remplaçant. La Mauritanie a levé le doigt, et les Arabes ont applaudi. Ce sera donc pour les 25 et 26 juillet.

L’ordre du jour                                                    

Le conseil ministériel examinera, durant deux jours, les questions inscrites à l'ordre du jour de ce sommet notamment les derniers développements de la question palestinienne et la situation dans plusieurs pays arabes notamment en Libye, en Syrie, et au Yémen, outre la lutte contre le terrorisme et le développement d'une action arabe efficace même de répondre aux aspirations des peuples arabes, à la lumière des nombreux défis nécessitant la conjugaison des efforts de tous les pays arabes pour les relever.

Les ministres arabes des AE débattront des différentes questions relatives à l'action arabe commune politique, économique, sociale, financière, administrative et sécuritaire et à leur tête le rapport du secrétaire général et les notes explicatives des clauses inscrites à l'ordre du jour, incluant en outre des questions d'actualité.

Nous sommes donc, très exactement, face à ce que décriait le Maroc, des propos creux et une unité de façade. Mais le   ministre algérien chargé des Affaires maghrébines, africaines et arabes Abdelkader Messahel a insisté sur le fait qu’il s'agira « d'un sommet historique qui va permettre aux dirigeants arabes de conduire un dialogue débouchant sur des décisions concrètes ».

Nouakchott en état de siège et dans tous ses états

Le gouvernement mauritanien  a commencé par déclarer la ville zone militaire, avec tout ce que cela implique comme mesures de restriction à la circulation des personnes et des véhicules et comme présence militaire et policière.

Et puis, pour orner leur capitale de ses plus beaux parements, les autorités mauritaniennes ont pris une série de mesures restrictives comme la chasse aux vendeurs ambulants des abords des marchés, l'interdiction de stationnement des véhicules et la fermeture à la circulation de plusieurs artères à Nouakchott et de certains grands marchés et centres commerciaux.

Cela n’a pas empêché le ministre libanais de la Santé de déclarer publiquement que la Mauritanie « ne dispose pas des infrastructures d'accueil nécessaires  et ne remplit pas les conditions environnementales et sanitaires requises pour l'organisation du somme arabe ». De fait, une rumeur court sur le fait que la délégation du pays du cèdre se réunira à Nouakchott mais dormira au… Maroc. Le ministre a expliqué en effet que « vu la situation, la délégation libanaise va passer la nuit au Maroc. Elle va assister aux travaux du sommet en Mauritanie pour revenir après au Maroc ».

Un palmier artificiel  servant d’antenne-relais de téléphonie mobile a été planté dans la zone de l’aéroport international de Nouakchott, Oumtounsy, pour améliorer la couverture téléphonique durant le Sommet. Le palmier artificiel, planté par une société de téléphonie mobile de la place, est de 20 mètres de hauteur et de 90 centimètres de diamètre.

Cela étant, plusieurs médias rapportent que le traiteur marocain Rahhal s’est finalement désisté pour l’organisation de cet évènement, en raison des positions mauritaniennes à l’égard du Maroc et de l’attitude de Nouakchott dans la question du Sahara.

Enfin, le centre d’information au palais des congrès à Nouakchott s’est retrouvé jeudi 21 juillet courant, plongé dans le noir total, à la suite d’une coupure impromptue du courant, provoquant un profond sentiment d’indignation chez les médias arabes et les correspondants des chaînes étrangères, invités pour la couverture du sommet arabe.

Ceux qui n'iront pas à Nouakchott, et ceux qui iront

Le roi saoudien Salman Ben Abdel Aziz Al Saoud a confirmé sa non participation au sommet et se fera représenter par les ministres des Affaires étrangères et des Finances. De son côté, le Cheikh Mohamed Ben Zayed al-Nahyane  des Emirats Arabes Unis ne prendra pas non plus part aux travaux des chefs d’Etat, pas plus que le roi de Jordanie Abdallah II. Quant au roi Mohammed VI, il a envoyé Salaheddine Mezouar pour le représenter.

Par ailleurs, les chefs d'Etat du Qatar et du Koweit feront le déplacement, de même que le président-maréchal égyptien Abdelfattah al-Sissi.

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