L’empereur du Japon évoque son abdication

L’empereur du Japon évoque son abdication

En 71 ans, les deux empereurs du Japon se sont exprimés trois fois seulement, dans des adresses directes à la population. L’ancien chef de l’Etat, Hirohito, avait annoncé la capitulation du pays en 1945, et l’actuel, l’empereur Akihito (intronisé en 1989), a parlé une première fois en mars 2011 après le tsunami de Fukushima, et aujourd’hui, lundi 8 août. Son abdication était sur ses lèvres mais le mot n’a pas été prononcé.

Qu’a donc dit l’empereur, âgé de 82 ans ? « Heureusement, je suis aujourd'hui en bonne santé. Cependant, quand je vois ma forme décliner progressivement, je m'inquiète de la difficulté à remplir mes fonctions en tant que symbole de l'Etat », a déclaré le chef de l’Etat nippon, ajoutant que « je pense qu'il n'est pas possible de continuer à alléger continuellement les tâches de l'empereur, (et il lui arrive) de temps en temps de se demander s'il ne serait pas possible d'éviter une telle situation ».

L’empereur du Japon n’a pas le droit de demander son abdication, ni même de prononcer le mot car cela reviendrait à intervenir dans la vie publique du pays, ce qui est strictement interdit depuis 1945. Mais au Japon, il n’est pas besoin d’être explicite pour déclencher des réactions… « Nous recevons avec sérieux les mots de Sa Majesté l'empereur et nous devons y réfléchir profondément », a immédiatement déclaré le premier ministre Shinzo Abe.

Cela devrait ouvrir sur une possible succession, au profit du prince héritier Naruhito, 56 ans, qui assure déjà une certaine forme de régence. Selon plusieurs médias, l’idée d’abdication agite les pensées de l’empereur depuis plusieurs mois, prenant exemple sur le pape Benoît XVI, qui avait renoncé à sa charge pontificale en 2013. L’empereur a dû faire face à un cancer de la prostate et a subi une intervention chirurgicale cardiaque. Mais il a des tâches de représentation très lourdes. L'an passé, il a dû signer un millier de textes de loi, traités et autres documents transmis par le gouvernement, assister à 270 réceptions, recevoir des représentants d'états étrangers… D'où son souhait de passer la main…

La semaine dernière, un sondage de l'agence de presse Kyodo indiquait que 85% des Japonais seraient favorables à un allégement des taches de l'empereur s'il en émettait le vœu. Mais son message est plutôt destiné au gouvernement, car c'est lui qui doit maintenant prendre des dispositions législatives afin qu'Akihito puisse être relevé de ses fonctions.

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