Ali Bongo réélu au Gabon, l’opposition rejette les résultats et le pays entre en crise (violente)
L’élection présidentielle de samedi 27 août au Gabon aura tenu toutes ses promesses, et en particulier le scénario du pire. Le président sortant Ali Bongo Ondimba, fils de Haj Omar Bongo et au pouvoir depuis la mort de son père en 2009, a été déclaré élu, et son challenger, Jean Ping, a rejeté le résultat de l’élection, plongeant le pays dans la violence, qui a éclaté sitôt les résultats connus.
Il aura fallu attendre quatre longues journées pour que la Commission électorale se décide à désigner le vainqueur, en l’occurrence Ali Bongo, par 49,80 % des voix contre 48,23 % à son adversaire Jean Ping. Ce sont les 5.600 voix d’écart, pour une population de 1,7 million de personnes et 650.000 inscrits, qui ont suscité le doute des partisans de Ping, puis leur colère.
Plus encore, dans le Haut-Ogooué, fief de l’ethnie tékée dont est issu Ali Bongo, ce dernier aurait obtenu 95,46% des suffrages, avec une participation de 99,93%, un résultat jugé « « surréaliste, incohérent et suspect » par l’équipe de campagne de Jean Ping. C’est cette « performance » de la province d’origine du président sortant (sur neuf provinces au total), qui a fait remonter à Bongo les 60.000 voix de retard qu’il avait sur son concurrent dans huit provinces, et c’est cela qui a mis le feu aux poudres… et à l’Assemblée nationale.
En effet, dès les chiffres annoncés et le résultat officiel connu, des groupes d'opposants ont convergé vers l'Assemblée nationale. Ils sont parvenus à entrer dans la cour. Un incendie s'est ensuite déclaré aux abords du Parlement et à l’intérieur. Les partisans de Jean Ping sont descendus par milliers dans les rues à l'annonce des résultats. Devant le siège de la commission électorale, ils ont été repoussés à coup de gaz lacrymogènes et de grenades lacrymogènes par les forces de l'ordre. Jean Ping a lancé une alerte selon laquelle la garde présidentielle avait « reçu l'ordre de tirer sur les populations ».
En début de matinée du jeudi 1er septembre, le centre de Libreville était désert et totalement bouclé par la police et des blindés de la gendarmerie. Des scènes de pillages, sans violences, étaient rapportées dans des quartiers périphériques et les communications téléphoniques et internet ont été coupées. Au moins deux personnes ont été tuées, selon l'opposition, et plusieurs blessées jeudi à Libreville dans l'assaut des forces de sécurité contre le QG de l'opposant Jean Ping, qui a expliqué à l’AFP que « la garde républicaine a attaqué notre QG en milieu de nuit. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves ».
La communauté internationale suit avec attention ce qui se passe à Libreville et Port-Gentil, les Etats-Unis et la France ayant demandé à la commission électorale de publier les chiffres détaillés, par bureau de vote, de cette élection contestée, qui était promise à des lendemains violents, et qui tenu sa promesse.
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