Le successeur de Ban Ki-moon sera le Portugais Antonio Guterres, « ami du Maroc »

Le successeur de Ban Ki-moon sera le Portugais Antonio Guterres, « ami du Maroc »

L'ex-Premier ministre portugais Antonio Guterres pourrait succéder dès ce jeudi à Ban Ki-moon comme secrétaire général de l'ONU. Un vote informel du Conseil de sécurité mercredi l'a placé en position de favori et même la Russie s'est dite « clairement » en faveur de sa candidature. Aucun autre pays des membres permanents du Conseil de sécurité n’a voté contre lui, mercredi 5 octobre, lors du sixième tour de scrutin

Dix candidats étaient en lice pour succéder au Sud-Coréen Ban Ki-moon. Le Portugais avait terminé en tête de cinq scrutins préliminaires. Le vote de mercredi a permis de voir que les votes défavorables au Portugais n’étaient visiblement pas le fait des grandes puissances.  Une recommandation sera faite ce jeudi 6 à l’Assemblée générale pour entériner le choix des 5 membres du Conseil de Sécurité.

Mis à l'épreuve par la plus grave crise de réfugiés qu'a connue le monde en raison de la guerre civile en Syrie, ce socialiste catholique de 67 ans, ancien Premier ministre du Portugal (1995-2002) et Haut-commissaire aux Réfugiés de 2005 à 2015 (deux mandats) n'a jamais cessé de lancer des cris d'alarme à la communauté internationale pour plus de solidarité envers les millions de migrants et demandeurs d'asile. Le bilan de ses deux mandats à la tête du HCR est également marqué par une réforme de son organisation interne, qui a permis de réduire d'un tiers le personnel basé à Genève afin d'augmenter sa capacité d'intervention d'urgence à l'international.

Qui est Antonio Gutteres ?

Né à Lisbonne le 30 avril 1949, Guterres est  ingénieur. Catholique pratiquant, il commence sa carrière politique dans des mouvements chrétiens. Mais c’est la « révolution des œillets », en 1974, qui met fin à cinquante ans de dictature, qui le pousse à s’engager. Il rejoint le Parti socialiste (PS) et siège de longues années au Parlement où son éloquence lui vaut le surnom de « marteau-piqueur parlant ».

En 1992, il devient secrétaire général du PS. Sa victoire aux législatives de 1995 le propulse au poste de premier ministre. Européen convaincu, francophone et francophile, il fait rentrer son pays dans la zone euro. Mais la conjoncture économique se détériore et Antonio Guterres abandonne ses mandats politiques pour rejoindre la diplomatie mondiale.

Ses relations avec le Maroc

En sa qualité de directeur du HCR, il avait en 2010 estimé la population dans les camps de Tindouf à 90.000 personnes, détruisant la thèse du Polisario qui a toujours parlé de 160.000 réfugiés. Les Algériens n’avaient jamais apprécié et depuis, ils l’attaquent, mettant à contribution leur diplomatie pour dénoncer le penchant pro-marocain de l’ancien Premier ministre portugais dans l’affaire du Sahara. L’affaire du Sahara n’est pas la condition première pour accéder au poste de SG de l’ONU, et Alger n’a pas été écouté.

En revanche, les programmes d’aide aux Sahraouis à Tindouf sont, depuis, calculés en fonction du chiffre de 90.000 personnes, et Antonio Gutteres avait peu goûté au refus des Algériens et du Polisario d’effectuer un recensement précis des populations à Tindouf.

Par ailleurs, et à l’issue d’un entretien avec Mbarka Bouaida, ministre déléguée aux Affaires étrangères, Antonio Gutteres avait déclaré tenir à «  manifester son appréciation des initiatives de SM le Roi en matière de paix dans beaucoup d’endroits du monde qui ont une importance pour le HCR ».

En politique, il n’y a certes pas d’amitié durable, et le futur SG de l’ONU devra maintenir une distance entre ses affinités et ses fonctions, mais il sera très certainement moins agressif que Ban Ki-moon à l’égard de Rabat.

 

Commentaires