Dernier débat Trump-Clinton avant la course finale pour la Maison Blanche
- --
- 20 octobre 2016 --
- International
Il restait un débat entre les deux candidats à la présidentielle américaine du 8 novembre, et il a eu lieu mercredi 19 au soir. La démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump se sont donc retrouvés au Nevada pour leur ultime rencontre, avant la dernière ligne droite qui doit conduire l’un des deux à la Maison Blanche, et l’autre chez lui.
Depuis les deux derniers débats et surtout depuis l’apparition de cette vidéo calamiteuse pour l’image de Trump, dans laquelle le milliardaire newyorkais parle des femmes d’une manière et avec des expressions particulièrement grossières, l’écart s’est creusé, jusqu’à 10 points dans certains sondages. Même l’affaire des mails personnels de Clinton n’arrivent plus à faire remonter Donald Trump dans ces sondages, au point que ce dernier a trouvé une nouvelle astuce pour se maintenir à flot, contester anticipativement la régularité de l’élection, se faisant immédiatement traiter de « pleurnicheur » par le président Barack Obama.
Interrogé sur les plaintes d’agressions sexuelles et sur les informations qui paraissent sur lui, de plus en plus nombreuses, quant à ses relations avec les femmes, Donald Trump a choisi la stratégie du « plus c’est gros, et plus ça passe ». Voici ce qu’il a répondu : « Ces accusations, c'est de la fiction (…) Personne n'a plus de respect envers les femmes que moi », a assuré contre toute vraisemblance le candidat du parti républicain, qui a perdu le soutien des caciques du clan républicain, président du parti, icônes et anciens présidents compris et surtout. Réponse : « Bernie Sanders (ancien candidat à la primaire démocrate) a dit que vous êtes la personne la plus dangereuse à jamais avoir été candidat à la présidence dans l'histoire moderne de l'Amérique. Et je suis d'accord avec lui. Donald pense qu’en rabaissant les femmes il se grandit ».
Sur l’immigration, le Républicain a utilisé l’expression de « bad hombres » (« des hommes mauvais »), et a encore et toujours martelé sa ferme intention d’ériger un mur à la frontière avec le Mexique, pour durcir les conditions d’entrée sur le sol américain des migrants mexicains et sud-américains. « Le programme de mon adversaire, c’est la suppression des frontières. On aura une catastrophe sur le commerce et les frontières », a accusé Donald Trump.
Après une demi-heure de débat de fond, le candidat républicain a progressivement perdu de sa superbe, se contentant de crier « faux, faux, c’est une mauvaise femme » quand Clinton avait la parole. Et quand elle a évoqué la question du président russe Vladimir Poutine et la Russie, les accusant de piratage contre les Etats-Unis et de jouer « avec la marionnette Trump », ce dernier a eu la très mauvaise, et enfantine, réponse suivante : « Vous êtes la marionnette ».
Concernant les résultats de l’élection et face à la question du modérateur de savoir s’il en reconnaîtrait le résultat, Donald Trump a refusé de s’engager : « Je vous dirai à ce moment-là, je vous laisse dans le suspense. Elle n’aurait pas dû être autorisée à se présenter ». La perche a été ainsi tendue à Hillary Clinton, qui l’a saisie : « C’est terrifiant, il dénigre et rabaisse notre démocratie. Je suis atterrée que le candidat de l'un de nos deux grands partis adopte ce genre de position ». Riposte cinglante du New York Times : « Dans le troisième et dernier débat, Donald Trump a cessé d’insulter l’intelligence des Américains pour insulter la démocratie américaine ».
Et ainsi, de pique en pique et de traits à retrait, « les deux adversaires semblent épuisés, tout autant que leurs compatriotes et les médias par ce méthodique travail de démolition d’une démocratie malade. Donald Trump, ce redoutable diviseur, n’a pu se muer en rassembleur, aspiré par une rhétorique complotiste glaçante », commente le Soir de Belgique. Quant au New York Times, qui a fixé son choix sur Clinton, il explique qu’ « à la fin du débat, Hillary Clinton était comme une matador championne, se déplaçant impérieusement autour du taureau furieux, crachant et éternuant, qu’elle a finalement amené aux mêmes larmes stupides et paranoïaques ».
Enfin, pour garder l’approche tauromachique, l’estocade est portée par le New Yorker, qui y va franchement : « Trump a commencé cette course comme un businessman capable qui avait l’intention de rendre à l’Amérique sa grandeur. Il la quitte comme "loser" en colère, qui râle contre le monde, menaçant de déchaîner le chaos ».
Il est trop tôt pour annoncer la victoire de Hillary Clinton, donnée par un dernier sondage vainqueur de l’élection par 52% contre 39%, mais il semblerait que les jeux soient déjà faits, puisque le dernier débat a eu lieu au Nevada, l’Etat de Las Vegas.
Commentaires