Drôle de démocratie américaine… défaite, Clinton a quand même obtenu plus de voix que Trump
C’est sans doute la malédiction des Clinton… En 2000, Al Gore, le vice-président de Bill Clinton, soutenu par ce dernier, avait perdu l’élection présidentielle contre George Bush, bien qu’il ait obtenu plus de votes directs en sa faveur. Et ce mardi 8 novembre, Hillary Clinton a perdu l’élection américaine alors qu’en nombre de suffrages des Américains, elle est devant Donald Trump, désormais 45ème président des Etats-Unis.
En effet, mercredi 9 novembre dans l’après-midi, les résultats définitifs sont tombés. Le Républicain a eu 290 grands électeurs et la Démocrate 228, et ces grands électeurs désigneront officiellement le président le 20 décembre. Mais au suffrage direct, Hillary Clinton recueillait environ 200.000 voix de plus que le milliardaire populiste, à 59.689.819 contre 59.489.637. Ce n’est pas grand-chose en comparaison des 120 millions de bulletins exprimés mais cela pourrait toutefois lui permettre de se consoler d'avoir eu l’avantage du vote populaire. Ainsi, au suffrage direct, l'ancienne Première dame aurait été élue à la Maison Blanche (47,7% contre 47,5%).
Mais aux Etats-Unis, ce sont les grands électeurs glanés Etat par Etat qui fournissent la victoire finale et à ce compte-là, Donald Trump a écrasé sa rivale. Dans le système électoral américain, quand un candidat remporte un Etat au suffrage universel, il emporte la totalité de ses grands électeurs. Dans la pratique, chaque parti a autant de grands électeurs que l'autre, et quand le vote populaire est en faveur d'un candidat, ce sont les grands électeurs de son parti qui participent au vote du 20 décembre. Et c’est ce qui a coûté son rêve à l’ancienne Première Dame.
Pour Robert Schapiro, professeur de sciences politiques à l'université Columbia de New York, on devrait demander une réforme de ce système électoral dépassé : « Il pourrait y avoir des revendications, mais elles vont finir par disparaître ». Si des voix devaient en effet s’élever contre cette réalité électorale, elles devraient s’atteler à une refonte du collège électoral qui nécessiterait de modifier la sacro-sainte Constitution américaine, une tâche délicate.
Les grands électeurs sont-ils obligés de voter pour le candidaat de leur parti ?
Ceux-ci ne sont pas tous obligés légalement de voter pour leur candidat. Ils peuvent choisir de s'abstenir, voire de mettre dans l'urne le nom d'un autre prétendant à la fonction suprême. Ils deviennent alors des « électeurs sans foi ». Au vu du désamour entre les cadres du parti républicain et Donald Trump, peut-on imaginer que les grands électeurs lui fassent défaut ?
Cela est possible dans plusieurs Etats, mais pas dans tous. Dans 23 Etats, les grands électeurs sont obligés de voter pour le candidat naturel, celui de leur parti. Dans les autres par contre, ils ont le choix, mais il est très rare que cela se fasse. Et dans le cas de l’élection 2016, la différence est trop grand… En effet, la différence entre 290 et 228 grands électeurs pour respectivement Trump et Clinton est de 62. Il faudrait qu’au moins 32 grands électeurs du Républicain décident de voter pour Clinton pour inverser le résultat, c’’est-à-dire quasiment aucune chance.
Drôle de démocratie américaine…
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