Donald Trump sera entouré de gens inquiétants pour une diplomatie aventureuse
Le grand inconvénient avec l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis est son ignorance presque totale des grandes problématiques internationales. « Je veux être imprévisible », disait en avril celui qui n’était encore qu’un candidat à la primaire républicaine. Selon les spécialistes de la politique américaine, les Etats-Unis s’apprêtent à entamer une phase incertaine en diplomatie. Pour l’équipe qui entourera le nouveau président, l’incertitude est là, mais elle recule au profit de l’inquiétude…
«Avec Trump à la Maison-Blanche, la politique étrangère des États-Unis devrait fondamentalement dévier de tout ce que nous avons vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ou devenir de plus en plus chaotique et incohérente. Deux options effrayantes », explique Matteo Garavoglia, chercheur à la Brookings. Même son de cloche, plus lugubre, de Thomas Wright, également de l'institut Brookings, pour lequel il existe de grands risques que « les Etats-Unis n'abandonnent leur rôle de leader de l'ordre international occidental. Et si cet ordre s'effondre, personne ne sait où cela finira et les conditions seront peut-être alors réunies pour une guerre majeure ».
En effet, cela se confirme quand on revient sur les principes défendus par le candidat lors de la campagne : rapprochement avec les Russes, intervention musclée en Syrie et en Irak avec l’envoi de dizaines de milliers de soldats pour porter le fer et le feu dans le fief de l’Etat islamique, déclaration d’une guerre commerciale avec la Chine, remise en cause des accords internationaux sur le libre-échange, le nucléaire iranien et le climat…
Ce n’est donc pas fortuit de noter ici la joie des islamistes extrémistes à l’annonce de la victoire de Donald Trump, saluant sur les réseaux sociaux les bénéfices à attendre selon eux de l'élection de ce franc-tireur ouvertement hostile aux musulmans. « La victoire de Trump est une bonne chose pour la nation musulmane », s'enthousiasmait un autre, avant d'expliquer: « Je suis optimiste (...) parce que c'est un taureau stupide, arrogant et présomptueux qui est plus bête que George Bush il élargira le champ du Jihad ».
Pour son équipe, les dirigeants qui l’entoureront et le conseilleront à son nouveau métier dont il ne connaît pas grand-chose, plusieurs noms ont été cités, comme Sarah Palin, ancien candidate à la vice-présidence, Rudolph Giulinai, Newt Gingrich, mais un seul retient l’attention de tous. Il s’agit de Steve Banon, qui serait pressenti pour prendre le poste de « chief of staff », une sorte de directeur de cabinet qui aurait la haute main sur l’administration.
Qui est Steve Banon ? A 62 ans, il est connu pour être l’auteur d'un documentaire à la gloire de Sarah Palin et le patron du site d'extrême droite Breitbart News. Il a été le cheville ouvrière de la campagne de calomnies, d’attaques et d’insultes contre Hillary Clinton et l’establishment de Washington, et de grandes figures républicaines comme l'ancien candidat à la présidentielle John McCain ou l'actuel président de la Chambre des représentants Paul Ryan. Breitbart est connu pour être, en plus de conservateur, extrémiste, sectaire, colporteur de théories du complot anti-musulmans et antisémites. Si une amitié entre Trump et le Premier ministre israélien est prévisible, c’est avec les musulmans que les choses iront mal, si Banon est confirmé à la fonction de chef de cabinet.
Rudolph Giuliani, ancien maire de New York et tout aussi extrémiste que Trump, serait pressenti pour le poste de Procureur général, ou ministre de la Justice. Pour annoncer la couleur, l’homme a déjà envisagé des poursuites contre Hillary Clinton… Il y a aussi Newt Gingrich, qui pourrait devenir secrétaire d’Etat ; il est interventionniste et ne recule devant rien pour imposer ses idées…
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