Le chef de la diplomatie algérienne : « Le Maroc est le bienvenu à l’Union africaine, mais… »

Le chef de la diplomatie algérienne : « Le Maroc est le bienvenu à l’Union africaine, mais… »

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, après plusieurs déclarations contradictoires, a finalement admis le principe de l’adhésion du Maroc à l’Union africaine. Il a pris acte de la motion des 28 pays africains, déposée en juillet et marquant l’accord de fait de l’entrée du royaume à l’Union. Mais Lamamra a posé une condition…

Pour le chef de la diplomatie algérienne, connu pour ses positions très hostiles à l’égard du Maroc et qui s'exprimait à partir de Doha au Qatar (un pays qui s'est retiré du Sommet de Malabo par solidarité avec Rabat), « le Maroc serait le bienvenu en tant que cinquante-cinquième membre de l’Union Africaine, sur un pied d’égalité avec les cinquante-quatre États membres actuels en droits et en devoirs ». Il faut comprendre par cette sortie que le ministre algérien tient à mettre sur un pied d’égalité le Maroc et la RASD, que les Algériens qualifient de fondateur de l’Union.

Lamamra a ajouté aussi que « «l'Algérie est naturellement attachée aux textes régissant l'organisation continentale ». Le Maroc aussi, et c’est pour cette raison qu’il a suivi les différentes étapes réglementaires pour son adhésion : déclaration d’intention, puis demande officielle.

Mais on peut s’attendre que le Maroc et/ou ses (nombreux) alliés demandent la suspension de la RASD, qui n’est pas un Etat et qui n’est pas reconnue par l’ONU ou par la Ligue arabe, par exemple, un ensemble régional dont elle devrait faire partie si elle était une entité régulière. Pour cette suspension, il faudra activer l’article 32 de la Charte de l’Union africaine qui dispose que :

« 1/ Tout Etat membre peut soumettre des propositions d’amendement ou de révision du présent Acte.

2/  Les propositions d’amendement ou de révision sont soumises au Président de la Commission qui en communique copies aux Etats membres dans les trente (30) jours suivant la date de réception.

3/ La Conférence de l’Union, sur avis du Conseil exécutif, examine ces propositions dans un délai d’un an suivant la notification des Etats membres, conformément aux dispositions du paragraphe (2) du présent article.

4/ Les amendements ou révisions sont adoptés par la Conférence de l’Union par consensus ou, à défaut, à la majorité des deux tiers, et soumis à la ratification de tous les Etats membres, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives. Les amendements ou révisions entrent en vigueur trente (30) jours après le dépôt, auprès du Président de la Commission exécutive, des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres ».

Il faudra donc s’assurer de la signature et la ratification de 36 Etats pour une demande de suspension de la RASD. Si le ministre algérien est réellement « attaché aux textes régissant l'organisation continentale », il ne devrait rien trouver à redire à cet amendement, très prévisible au demeurant. Si le Maroc demande et obtient, à la majorité des deux tiers, que la radiation ou la suspension pourrait intervenir à la majorité simple, il n’y aura plus de RASD à l’UA dès la moitié de 2018.

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