Les entraîneurs ne pourront plus changer de club en cours de saison… une mesure inefficace
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- 02 décembre 2016 --
- Sport
C’est une décision inattendue, mais prévisible, de la Fédération royale marocaine de football, ou FRMF. Désormais, il est interdit à un entraîneur de changer de club en cours de saison, sous peine de retrait de sa licence.
Voici le (très laconique) communiqué de la FRMF : « Dans le cadre de la réglementation de la fonction des cadres techniques et afin de préserver la stabilité contractuelle entre ces derniers et les clubs, la Fédération Royale Marocaine de Football, en concertation avec la Commission de la réglementation, l’Amicale Nationale des Entraineurs de Football et la Direction Technique Nationale, a décidé ce qui suit : Durant la même saison sportive, un cadre technique titulaire d’une licence d’entraineurs, délivrée par la FRMF, ne peut, en cas de rupture anticipée du contrat, bénéficier d’une autre licence l’habilitant à exercer auprès d’un club dans le même niveau de compétition ou d’un niveau supérieur ».
Il faut dire qu’en plus du football, limoger et changer un coach à pratiquement chaque match perdu, est devenu le sport national. Cela est dû à la faiblesse et au manque d’assurance des dirigeants des clubs de foot, mais aussi, souvent, à leur légèreté. On se rappelle du Raja de Mohamed Boudrika qui, par exemple, a changé 7 fois d’entraîneur en 4 ans de présidence dudit Boudrika, dont 3 fois pour la seule année 2015.
A l’origine de ces décisions, les pressions des dirigeants et du public regroupé en clubs d’ultras. La logique est simple : un entraîneur a eu de mauvais résultats, donc on le change. Or, selon des études menées en Europe, il n’est pas sûr que le « choc psychologique » dû à l’arrivée d’un nouvel entraîneur soit effectivement l’explication de l’amélioration des rendements.
En effet, selon les deux chercheurs Maria De Paola et Vincenzo Scoppa (professeurs à l’université de Calabre en Italie), « les conseils d’administration des équipes s’en remettent peut-être à la théorie du bouc émissaire selon laquelle licencier un entraîneur représente un outil utile pour calmer des actionnaires et des supporters mécontents et éviter de faire face à leur responsabilité dans les mauvaises performances de leur équipe ».
Toutefois, selon les recherches menées par les deux professeurs, « rien ne prouve que cette amélioration des résultats soit due au changement d’entraîneur. La grande majorité des licenciements en cours de saison ont en effet lieu après une série de mauvais résultats. Or, une équipe qui vient de subir une mauvaise série de résultats a tendance à améliorer ses performances, qu’elle ait licencié son entraîneur ou non ».
La FRMF aurait-elle pris une décision, elle-même sous la pression des dirigeants de club ? Cela en a tout l’air, et cela n’améliorera pas pour autant le rendu de nos clubs de foot. Déjà, certaines voix s'élèvent dans les milieux du football national pour contester cette décision qu'elles jugent illégale...
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