Donald Trump nomme le PDG d'ExxonMobil comme chef de sa diplomatie

Donald Trump nomme le PDG d'ExxonMobil comme chef de sa diplomatie

Le suspense a pris fin ce mardi 13 décembre avec la nomination de Rex Tillerson au poste de Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, la fonction la plus importante et la plus prestigieuse d’une administration américaine. Donald Trump reste donc égal à lui-même, désignant à cette fonction cruciale un homme réputé proche, voire ami, de président russe Vladimir Poutine.

Rex Tillerson, 64 ans, qui connaît personnellement le chef d’Etat russe, devrait être chargé de normaliser les relations avec la Russie, mises à mal par l'annexion de la Crimée et le différend entre Washington et Moscou sur la guerre en Syrie. Il était en effet opposé aux sanctions contre Moscou, que Berlin et Paris souhaitent toujours maintenir. « Je ne peux imaginer une personne mieux préparée et aussi dévouée pour servir en tant que secrétaire d'Etat à ce moment crucial de notre histoire », a déclaré M. Trump, cité dans un communiqué. Il est vrai que Poutine lui a décerné en 2013 la médaille de l’Amitié.

Le patron du géant américain du pétrole, qui a passé toute sa carrière dans la compagnie et qui devait partir en mars, atteint par la limite d’âge,  a de tous temps fait des affaires avec la Russie de Poutine, mais sa nomination risque de poser problème au Congrès pour sa validation en raison de la polémique sur l’interférence des Russes dans l’élection américaine, et surtout suite au renoncement des deux autres postulants au poste, autrement plus prestigieux, comme l’ancien maire de New York Rudy Giuliani ou l’ancien candidat à la Maison Blanche Mitt Romney.

Deux jours après la commande par le président Barack Obama d’un rapport complet à propos du jeu prêté à la Russie, les deux responsables républicains du Congrès, le chef de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell, et le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, ont apporté leur soutien à un examen approfondi de ce dossier devenu public le 7 octobre. Les services de renseignement américains avaient pour la première fois collectivement accusé la Russie de piratages informatiques directement liés au processus électoral.

Mais Trump explique : « Il est beaucoup plus qu’un dirigeant d’entreprise, c’est un acteur d’envergure internationale. Pour moi, il a l’avantage de connaître beaucoup d’autres dirigeants internationaux et de bien les connaître. Il a passé des contrats colossaux en Russie – pas pour lui mais pour son groupe ». La précision est en effet utile. Le nouveau chef de la diplomatie américaine connaît également bien les monarchies du Golfe, avec lesquelles il a traité depuis des années et dont il maîtrise les modes et codes de fonctionnement.

Loué par Donald Trump et Vladimir Poutine pour son pragmatisme en affaires, le futur secrétaire d’État apparaît comme l’homme de la situation pour normaliser la situation entre Washington et Moscou. Ce réchauffement entre les deux puissances rivales pourrait se faire aux dépens des pays européens les plus en pointe contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie et aux autorités ukrainiennes. Mais ce rapprochement pourrait également s’opérer au détriment de la Chine, ce qui est une situation périlleuse, alors même que Pékin vient d’adresser un très sérieux avertissement à Trump pour ses contacts avec Taiwan : « Vous soulevez un rocher qui risque de vous écraser les pieds », a annoncé Pékin dans son inimitable langage imagé…

Le nom du responsable d’ExxonMobil s’ajoute donc à une liste de farouches défenseurs des énergies fossiles qui alimente les interrogations sur le sort qui sera réservé par la future administration Trump à l’accord de Paris en faveur de la réduction des gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique. Il renforce également le poids des millionnaires qui n’ont jamais été aussi nombreux dans l’entourage ministériel d’un président.  En plus des généraux…

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