Pour la Banque mondiale, le Maroc pourrait être émergent en 2040, si…

Pour la Banque mondiale, le Maroc pourrait être émergent en 2040, si…

Il aura fallu deux ans d’études, d’échanges et de recherches à la Banque mondiale avant de présenter son rapport sur l’économie marocaine et les possibilités de voir un Maroc (vraiment) émergent en 2040. Mais pour cela, il reste encore du chemin à faire, en matière de réformes socio-économiques structurelles et d’efforts pour rendre le développement humain inclusif.

Et c’est donc ce lundi 15 mai à Rabat qu’a eu lieu la présentation très attendue d'un rapport de la Banque mondiale sur « le Maroc à l'horizon 2020 : investir dans le capital immatériel pour accélérer l'émergence économique ». Tout un programme…  Les choses commencent plutôt bien, si l’on se réfère à cette affirmation lancée d’entrée de jeu par  Jean-Pierre Chauffour, économiste principal à la Banque mondiale et auteur principal du rapport : « Le Maroc est un pays qui réussit ! », repris par Marie-Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, qui a dit quant à elle que ce rapport « tombe à point nommé, à l'heure où le Maroc entre dans une nouvelle phase de son développement ».

L’ensemble du rapport tourne autour de cette idée que « le plus important, c’est que chaque citoyen ait le sentiment qu’il peut et qu’il doit contribuer au développement de son pays, à rendre les institutions inclusives et à promouvoir des opportunités économiques égales, ainsi que l’égalité entre hommes et femmes et la confiance interpersonnelle, et à bâtir avec confiance l’avenir du Maroc ».

Et donc, en dépit des incontestables réussites de l’économie marocaine, avec l’accélération de la croissance économique, l’amélioration du niveau de vie moyen de la population, l’élargissement de l’accès aux services publics de base ou encore le développement considérable des infrastructures, l’intégration économique et sociale au sein de la population des jeunes reste alarmante. Il reste donc à résoudre la question du chômage des jeunes de 25 à 35 ans, qui flirte avec les 50%, sachant que ceux qui travaillent occupent un emploi souvent précaire ou informel. Les pouvoirs publics devront consentir des efforts pour placer l’administration au service des citoyens, et de tous si possible… Quant à l’Etat, il devra revenir à ses fonctions régaliennes classiques, et laisser le secteur privé opérer, tout en lui en donnant les moyens.

Par ailleurs, l’éducation et la formation devront tenir une place de choix dans les politiques publiques : « Il faut réformer l’éducation en profondeur, [instaurer] une sorte de ‘thérapie de choc’ pour éliminer tous les obstacles du système éducatif. Le but est de hausser de façon significative le niveau des élèves marocains. En matière de santé, il est impératif d’élargir la couverture médicale et de réformer les services de santé publics pour pouvoir renforcer le capital humain ». Et donc, afin que s'opère un « miracle éducatif » et que les élèves marocains acquièrent les compétences qui leur permettront de s'intégrer sur un marché du travail plus concurrentiel, le mémorandum préconise de moderniser l'ensemble du système éducatif, en se concentrant sur l'amélioration des performances, de la gouvernance et des résultats.

Le marché du travail et de l’emploi devra également être mis à niveau. Le principe est simple, il faut assurer les mêmes règles du jeu pour tous les acteurs économiques, en établissant une concurrence libre et loyale et en promouvant un changement culturel à l’égard de l’entreprise et de l’innovation. Aussi, en allégeant la réglementation du travail et en améliorant l’efficacité des politiques actives du marché du travail, sachant que la refonte du Code du travail ferait progresser significativement l’emploi formel, notamment chez les jeunes et les femmes.

Le rapport de la BM n’a pas fait que des heureux, et le premier « malheureux » est le ministre des Affaires générales Lahcen Daoudi qui a réagi en affirmant que « les autorités marocaines ne peuvent pas totalement adhérer aux conclusions de ce rapport  de la BM qui ne peut pas avoir l'adhésion totale du gouvernement marocain, surtout sur le plan politique ».

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