Abdellatif Jouahri explique la flexibilisation, et passe ses messages aux banques et aux opérateurs

Abdellatif Jouahri explique la flexibilisation, et passe ses messages aux banques et aux opérateurs

Ce mardi 20 juin, le wali de Bank al-Maghrib Abdellatif Jouahri était à la manœuvre ; il expliquait, justifiait et décortiquait le mécanisme de flexibilité du dirham, qui devrait être officiellement mise en œuvre dans les prochains jours. Se prêtant volontairement aux questions des journalistes, le patron de la banque centrale a dit et redit qu’il n’y aura pas de dévaluation de la monnaie nationale.

Alternant humour, décontraction et mots durs contre les spéculateurs, Abdellatif Jouahri a consacré tout le temps qu’il fallait à la presse pour expliquer les choses et tordre le cou aux rumeurs, distillant des pointes d’humour de temps à autre. Il le fallait bien, après ces indiscrétions concernant une spéculation sur la dévaluation du dirham. « Il n’y aura pas de dévaluation du dirham, et la décision de mettre en œuvre la flexibilité de notre monnaie est une décision souveraine, non imposée de l’extérieur comme cela a été le cas pour et dans d’autres pays », a martelé le wali de Bank al-Maghrib. « Le Fonds monétaire international  ne nous a rien imposé. C'est une décision volontaire », a affirmé M. Jouahri.

Celui-ci avait été précédé par le ministre des Finances Mohamed Boussaïd, vendredi dernier chez nos confrères de l’Economiste : « « La flexibilité, ce n’est pas la libération du taux de change, et ce n’est pas non plus la convertibilité, et il n’y aura aucune dévaluation. La flexibilité, c’est une bande qui était de 0,6%, et qui va devenir un peu plus large ».

Alors que s’est-il passé pour mettre les deux principaux responsables de l’économie et des finances marocaines dans un tel état ? Une effervescence dans les marchés, ces derniers jours, suite à la confirmation de la flexibilisation de la monnaie dès le début du second trimestre. En clair, on spécule sur une dévaluation du dirham, et on garde les devises par devers soi pour mieux les vendre en cas de perte de valeur du dirham.

M. Jouahri a été acerbe à l’égard des institutions bancaires soupçonnées de spéculer sur cette éventuelle, et très fortement démentie, dévaluation du dirham, qualifiant cette pratique de « déplaisante »… « Si on ne croit pas le gouvernement de la banque centrale quand il dit qu’il n’y aura pas dévaluation, c’est qu’il y a un problème», assène-t-il avec son inimitable accent fassi. Puis, adoptant un ton comminatoire, il a précisé que « les banques devront justifier leurs opérations d’achats de devises », que certaines semblent réticentes à revendre à leurs clientèles importatrices …

Et pourtant, l’agence de notation Fitch Ratings a été on ne peut plus claire le 19 juin : « Le Maroc est en bonne position pour introduire graduellement une plus grande flexibilité du taux de change, et il est peu probable que les banques subissent des risques significativement plus élevés liés à  une plus grande volatilité des taux de change, car leur exposition aux devises étrangères est minimale par rapport aux autres pays ».

Une conférence de presse sera conjointement tenue par MM Jouahri et Bousssaïd à la fin du mois de juin pour annoncer l’élargissement de la flexibilité du dirham, ses conditions et ses conséquences.

Aziz Boucetta

Commentaires