Le Plan Maroc Vert: source d’inspiration de politique agricole pour l'Afrique
Lancé en 2008, le Plan Maroc Vert (PMV), qui est une véritable « réussite », constitue aujourd’hui une source d’inspiration de politique agricole pour plusieurs pays du continent africain, affirme l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), un think-thank français spécialisé dans les thématiques géopolitiques et stratégiques.
Le PMV constitue aujourd’hui « une source d’inspiration de politique agricole pour plusieurs pays du continent africain comme le Gabon ou le Sénégal, qui mettent en œuvre à leur tour des « plans Verts » en capitalisant sur l’expérience marocaine », souligne l’Institut qui publie une analyse de Sébastien Abis, directeur du Club Demeter et chercheur associé à l’IRIS, sous le titre «Maroc: l’agriculture comme levier de développement national et international».
Selon l’auteur de cette analyse, l’intérêt pour le Plan agricole marocain s’explique par « ses réussites » ainsi que par « le resserrement des liens politiques et économiques entre le Maroc et le reste du continent africain », depuis que « le Maroc, pays à la géographie africaine et qui partage des traits culturels et religieux communs avec le continent, réinvestit les enceintes du dialogue multilatéral (retour récent dans l’Organisation de l’Unité africaine dont il était absent depuis 32 ans, accession prévue à la CEDEAO) et joue un rôle croissant dans le développement du continent et la résolution de ses conflits (Libye, Mali, G5 Sahel) ».
Les investissements d’entreprises marocaines en Afrique de l’Ouest se multiplient, mais aussi dans la Corne de l’Afrique, comme l’illustrent en Éthiopie les projets conduits par l’Office chérifien des phosphates (OCP). Il y aussi les échanges scientifiques et universitaires, les formations techniques, les initiatives climatiques (comme la constitution de la Fondation Triple A pour faire suite à la COP22 qui s’est tenue à Marrakech fin 2016), sans oublier les banques et les chantiers logistiques qui nourrissent cette coopération entre le Maroc et de nombreux pays africains, souligne encore l’auteur de l’analyse.
« Les questions agricoles et alimentaires constituent des enjeux incontournables dans ces dynamiques internes en Afrique. Ce n’est pas une surprise, car le Maroc, dans son expression à l’international, a toujours placé l’agriculture parmi les secteurs stratégiques. C’est vrai avec l’Europe, les États-Unis ou le Canada. Cela vaut aussi de plus en plus ces dernières années avec la Russie, l’Inde ou la Chine », relève-t-il.
Dans cette perspective, il semble essentiel, estime le chercheur, de « réfléchir aux synergies possibles entre acteurs marocains et français en direction de l’Afrique compte tenu de l’ampleur de ses défis présents et à venir, à commencer par la sécurité alimentaire et le développement durable ». « Il est sans doute temps de rassembler plus fréquemment les moyens, les expériences et les volontés pour accompagner le développement du continent », préconise-t-il.
« En outre, cette politique du Maroc vers l’Afrique ne signifie pas que celle avec l’Europe s’amenuise. Bien au contraire, les relations entre le Royaume et les pays européens demeurent stratégiques. Et dans le domaine agricole et agro-alimentaire, c’est particulièrement vrai, comme l’illustre la signature, en ce début d’année 2019, d’un nouvel accord agricole et alimentaire qualifié de stratégique par chacune des parties », souligne le chercheur de l’IRIS.
Analysant le secteur de l’agriculture, qualifié de « pilier essentiel de l’économie et de la société marocaine », l’IRIS relève que « l’agriculture reste une priorité politique pour le Maroc et participe au développement de ses relations avec le reste du continent »
La rédaction
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