La CDG alerte sur un creusement du déficit de liquidité en 2019 (Rapport)
« Bien que Bank Al-Maghrib ait gardé le cadre de la politique monétaire inchangé en 2018, avec un taux directeur stable au niveau de 2,25% et celui de la réserve obligatoire à 4%, le marché monétaire a évolué dans un contexte globalement difficile marqué d’une part, par un creusement du déficit de liquidité du secteur bancaire, sous le double effet de l’accroissement de la circulation fiduciaire et la baisse des réserves de change et d’autre part, par le besoin structurel de trésorerie de certains établissements bancaires, qui acceptaient de s’endetter à des niveaux élevés comparativement au taux directeur, et qui faisaient également appel, parfois, aux avances à 24h de Bank Al-Maghrib à un taux pénalisant de 3,25%, soit 100 Pbs de plus que celui des avances à 7 jours sur appel d’offre. » c’est l’analyse de la CDG dans son rapport sur les Perspectives économiques 2019
Par conséquent, les analystes de la CDG déclarent qu’à à l’instar de l’année 2017, la maîtrise de la cible opérationnelle par Bank Al-Maghrib, qui est le Taux Moyen Pondéré (TMP) interbancaire à des niveaux proches du taux directeur (2,25%), semblait difficile en raison de certains dérapages conjoncturels imprévus des deux principaux Facteurs Autonomes de Liquidité Bancaire (FALB), en l’occurrence les réserves de change et la circulation fiduciaire et l’équilibre général de la liquidité biaisé par le besoin accentué de quelques banques de la place.
Pour la CDG, cette évolution du besoin de liquidité a été marquée par deux phases, en l’occurrence : les huit premiers mois de l’année clôturés par un pic historique du déficit de liquidité de -76,3 MrdDH, avec un recul des AEN de Bank Al-Maghrib de 19,5 MrdDH à 225,8 MrdDH à fin août 2018 et la hausse de la monnaie fiduciaire de 15,2 MrdDH à 238,4 MrdDH ; et les quatre derniers mois ayant connu une atténuation de ce déficit à 69,9 MrdDH, en liaison avec une amélioration des AEN de Bank Al-Maghrib de 5,2 MrdDH à 231 MrdDH et la baisse de la circulation fiduciaire de 4,8 MrdDH à 233,6 MrdDH enregistré à fin 2018.
En effet, la baisse globale des AEN de Bank Al-Maghrib s’explique par le creusement du déficit commercial d’environ 16,4 MrdDH en 2018, qui a été partiellement compensé par les flux financiers, notamment les IDE à hauteur de 6,7 MrdDH. Parallèlement, au-delà de l’évolution tendancielle de la circulation fiduciaire, les pics conjoncturels sont liés à la concentration de plusieurs évènements connus pour la consommation de cash, en l’occurrence Ramadan (mai), la période estivale (juin-septembre), Aïd Adha et la rentrée scolaire (septembre).
Pour l’année 2018, le creusement du déficit de liquidité devrait se poursuivre sous l’effet des mêmes facteurs restrictifs, notamment la baisse des réserves de changes en liaison avec le creusement prévu du déficit commercial, qui pourrait être amplifiée en cas de poursuite de la morosité des flux financiers, notamment les transferts des MRE et les recettes du tourisme la hausse de la circulation fiduciaire compte tenu d’une part, de la concentration des évènements connus pour l’envolée de la demande de cash entre les mois de mai et de septembre et d’autre part, l’expansion de l’économie informelle ainsi que l’évasion fiscale compte tenu des efforts menés récemment par la Direction Générale des Impôts en vue d’élargir l’assiette fiscale pour contenir les professionnelles et les commerçants.
Selon les prévisions de la CDG faites sur la base d’une hausse de la circulation fiduciaire quasi-similaire aux deux dernières années autour de 15 MrdDH et (ii) un recul des réserves de change de 9 MrdDH, soit la moyenne des baisses enregistrées en 2017 et 2018, déficit de liquidité devrait s’accentuer de 24 MrdDH pour passer à 94 MrdDH au terme de l’année 2018.
Dans ce contexte, l’évolution du TMP serait sensible à la capacité de la Banque centrale d’anticiper avec exactitude le besoin de liquidité du marché interbancaire, y compris les imprévus qui pourraient accentuer le déséquilibre. De même, la persistance ou l’émergence d’un besoin structurel de liquidité chez certains opérateurs du marché pourrait également générer des désalignements du TMP par rapport au taux directeur, à l’image de ce qui s’est passé au cours des deux dernières années.
MN
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