JA 2019, la cérémonie d’ouverture… sur le monde (images et vidéo)
Les Jeux Africains, dans leur 12ème édition, se sont donc officiellement ouverts ce lundi 19 août, en présence du prince Moulay Rachid et de (entre autres) Moussa Faki Mahamat, président de la Commission africaine. Ils sont venus, ils étaient tous là, les 54 pays, autant de délégations, et des couleurs, des sons, de l’animation, du spectacle, du grand spectacle, avec une audience planétaire ayant cumulé plus de 350 millions de ménages !
La cérémonie a duré deux heures, avec d’abord le défilé/présentation des délégations des pays africains, puis la cérémonie d’ouverture à proprement dite. Les responsables politiques et les organisateurs de cette fête avaient à trancher un dilemme plutôt difficile, qui se décline en un choix entre l’authenticité et la modernité. Ils ont fait les deux, avec un succès auquel l’expression « authenticité et modernité » n’a pas habitué les Marocains…
Une fois que les 54 délégations aient défilé sur la piste, avec une joie presque enfantine et une bonne humeur compréhensible, les milliers d’athlètes ont trouvé place sur la pelouse, chantant, dansant, prenant des selfies… vivant, quoi… Deux délégations ont été très fortement ovationnées : La marocaine, bien évidemment, et aussi l’algérienne avec sa grosse cohorte d’athlètes souriants et fiers.
Au centre de la pelouse, une réplique de la Tour Hassan de Rabat s’élevait vers le ciel, cernée par ses célèbres bouts de colonne, par la suite prestement évacués pour laisser place à la fête. Au début de la cérémonie, sept enfants font leur entrée, dansant, jouant, riant, avec l’insouciance de leur âge et une rigueur qui dépassait leur âge. Les gens de Rabat comprendront le message, eux qui emmènent souvent leurs progénitures jouer sur l’esplanade de la mosquée inachevée.
Puis suivent plusieurs figures et fresques, avec 650 danseurs et figurants, pendant que les sept enfants jouent au ballon, courent, font des culbutes. Mais l’Afrique est omniprésente. Les organisateurs ont opté pour cette excellente idée de sortir des sentiers battus du folklore marocain. L’heure est à l’Afrique et la cérémonie est donc africaine dans le son rythmé, africaine dans les couleurs bigarrées, africaine aussi dans la joie et la bonne humeur continentale. Africaine aussi dans l’organisation, puisque celle-ci a été confiée suite à un appel d’offres ouvert au groupe Richard Attias, Marocain assumé… qui a emporté le marché des cérémonies d’ouverture et de clôture pour 3,5 millions d’euros… Avec 350 millions de foyers atteints (chiffres TV5), le rapport qualité/prix est excellent !
Si les gens installés dans la tribune officielle étaient plutôt compassés, fonctions obligent, et présence du prince et du « patron » de l’Afrique obligent aussi, ceux de la tribune presque officielle étaient plus détendus… quant aux spectateurs assis aux deux bouts de la tribune couverte, ils étaient résolument décontractés, lâchés et relâchés, bruyants. On constatera quand même, avec une pointe de regret, que le stade était dégarni dans les virages. Renseignements pris, c’est pour raisons de sécurité car c’est dans ces virages que passaient les câbles et les installations pour la flamme olympique électronique. Le vide dans les gradins a pourtant été largement commenté mais ici et ailleurs, et surtout ici, il est si difficile de contenter son monde.
Le clou du spectacle était constitué par les 180 drones qui ont survolé le stade avec trois fresques qui ont nourri les applaudissements, forcément nourris, du public. Les petites machines volantes ont dessiné dans le ciel de Rabat une silhouette de l’Afrique, puis une autre de l’étoile du drapeau du pays organisateur et enfin une colombe symbolisant, malgré sa couleur bleue, la paix.
L’heure qu’a duré la cérémonie d’ouverture est très vite passée, sans que personne ne regarde sa montre, de crainte de perdre quelque chose, alors que personne dans le stade n’a pu tout voir, tant il y avait de choses à admirer…. Comme les quatre cavaliers de fantasia qui sont entrés des deux bouts du stade, puis se sont croisés devant la tribune en tirant leur salve… Ah que c’est bon quand l’odeur de la poudre symbolise la paix et que la détonation des tirs sonne la bonne humeur !
A la fin, le chanteur un peu suédois et plus américain, mais toujours et surtout marocain RedOne monte sur scène et chante « Welcome in Africa » avec sa complice la Malienne Inna Modja et une brochette d’autres artistes et danseurs.
Un spectaculaire, bruyant et chatoyant feu d’artifice clôture cette belle cérémonie d’ouverture de Jeux Africains qui, dans leur 12ème édition, sont inédits. La raison en est que près d’une vingtaine de disciplines sont qualifiantes pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Le public avait donc devant lui de futurs champions olympiques, et c’est ce qui fait tout l’intérêt de ces Jeux que le Maroc organisé en moins de neuf mois.
La politique n’était jamais loin non plus, avec la célèbre chanson « Nidae el Hassan », qui évoque le Sahara, la couleur verte, comme la Marche du même nom, qui a si souvent parcouru le stade… Et la présence de M. Faki Mahamat a assuré le lien entre sport et politique. On le sait, le sport, c’est aussi de la politique, c’est en grande partie de la politique, et sans politique véritable, il ne saurait y avoir de sport convenable.
Ainsi, malgré quelques inévitables mais rares hiatus, Rachid Talbi Alami, ministre de son état, a réussi son challenge, offrant au Maroc un succès auquel il est peu habitué (surtout dans ce complexe…) et à l’Afrique une cérémonie qui l’aura mise en valeur le temps de deux heures dans le monde, en attendant la suite. Mais on peut raisonnablement penser que toutes les grandes décisions, les grands choix artistiques, les chansons, les couleurs, les clips, ont été validés par plus haut que M. Talbi Alami. Et c’est tant mieux.
Place maintenant à la sueur et à l’effort !
Aziz Boucetta
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