Aluminium: vers une production “bas-carbone” (PCNS)
Le marché international de l’aluminium qui connait actuellement une forte demande se dirige vers la production d’un aluminium “bas-carbone”, selon le Policy Center for the New South (PCNS).
“Derrière les contraintes fortes, mais conjoncturelles, d’approvisionnement se cache toutefois une profonde mutation et la réaffirmation d’une nouvelle compétition, celle d’un aluminium bas carbone, produit à base d’énergies renouvelables, et notamment l’hydroélectricité”, indique le PCNS dans un Policy Brief intitulé “Entre deux mondes : un marché international de l’aluminium en pleine mutation”.
Et d’ajouter que la mutation structurelle du marché est très clairement engagée, celle d’un aluminium qui, à terme, ne pourra être que “bas-carbone”.
“Le bilan de la COP26 en témoigne, si les ambitions d’un monde décarboné à l’horizon 2050 ou 2060 sont clairement en tête des agendas politiques, les stratégies pour y parvenir apparaissent complexes à mettre en œuvre en raison, notamment, du coût économique qu’elles impliquent et qu’il convient d’assumer”, fait observer le PCNS.
Représentatif de cette dualité, le marché de l’aluminium témoigne simultanément de l’impasse dans laquelle se trouve la métallurgie des décennies passées où la seule performance économique comptait et des défis considérables, technologiques, économiques, environnementaux mais aussi géopolitiques, que les producteurs, à des degrés divers, doivent encore relever pour répondre aux enjeux climatiques de notre temps.
Cette course technologique sera assurément intense au stade de la production métallurgique, mais elle pourrait l’être également en amont de la filière, au stade extractif.
Une révolution pourrait, à cet égard, être en gestation, poursuit le PCNS, expliquant que l’anorthosite, une roche magmatique, pourrait en effet permettre de produire de l’alumine, et donc de l’aluminium sans recourir à de la bauxite, et ce sans déchet.
Développé par Hudson Resources et situé au Groenland, le projet de White Mountain offre des premières perspectives très intéressantes dans ce domaine. De nombreux jalons doivent néanmoins être franchis pour parvenir à concurrencer les procédés métallurgiques utilisés aujourd’hui.
“À plus long terme, encore, à l’heure où le spatial connait très fort un regain d’activité et que le space mining n’est plus une fable de science-fiction, cette roche, largement présente sur la surface lunaire, pourrait faire entrer le monde minier dans un tout autre univers”, relève le document.
Après avoir connu plusieurs années difficiles marquées par une abondance de stocks et des surcapacités, l’aluminium a vu ses cours flamber sur les dix premiers mois de 2021, et ce malgré une inflexion récente.
Au-delà de la reprise de la demande mondiale dans un contexte post-Covid-19, c’est la contraction de l’offre de la Chine, premier producteur mondial, qui expliquait cette dynamique haussière, alors que nombre de métaux de base tendaient à voir leurs prix fléchir depuis l’été.
En raison de l’engagement de Pékin à décarboner son économie (alors que l’essentiel de la génération électrique utilisé pour produire ce métal est fondé sur le charbon), mais également de la crise énergétique qui a touché le pays (comme le reste du monde) en septembre et octobre, l’offre ne pouvait que se contracter et les cours augmenter en proportion.
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