Économie nationale en 2023: quelles perspectives dans un contexte d’incertitudes ?
Renchérissement des prix des matières premières et énergétiques, conflits géopolitiques et montée en puissance de l’inflation, conjugués à une année de sécheresse historique, sont tous des facteurs qui pèsent lourd sur les perspectives de reprise de l’économie nationale en 2023.
En effet, les perspectives économiques nationales pour cette année tiennent compte d’un environnement international fort contraignant, marqué par la poursuite des tensions géopolitiques et par le maintien des prix à des niveaux élevés, entraînant un ralentissement du volume du commerce mondial qui n’augmenterait que de 1,6% en 2023, après 4% en 2022, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Dans ce cadre, le HCP table sur une croissance de 3,3 % en 2023, après 1,3% l’année dernière, dans un contexte marqué par des perspectives d’entrée en récession des principaux partenaires commerciaux, d’un durcissement des conditions financières internationales et du maintien des prix à des niveaux élevés.
Pour sa part, la Banque mondiale s’attend à une croissance de 3,5% cette année pour l’économie marocaine, un taux inférieur à ses projections précédentes, misant sur la reprise progressive du secteur agricole après la sécheresse de l’année dernière, ainsi que les dépenses publiques qui devraient compenser en partie la faiblesse de la consommation des ménages due à l’inflation élevée.
Secteur vital de l’économie marocaine, le secteur primaire afficherait selon les estimations du HCP une hausse de 9% en 2023, un niveau qui demeure largement tributaire d’un bon déroulement de la campagne agricole 2022-2023 et d’une production céréalière moyenne.
A l’opposé, les activités secondaires devraient continuer de subir l’impact négatif de la décélération de la demande extérieure et du maintien des prix des matières premières à des niveaux élevés, quoiqu’en légère baisse.
Quant au secteur tertiaire, il devrait enregistrer une décélération de sa valeur ajoutée en 2023 suite notamment au ralentissement des activités marchandes après une année de rattrapage pour les services touristiques et de transport.
Demande intérieure, principal moteur de croissance La demande intérieure continuerait à constituer le principal moteur de la croissance, avec une hausse prévue de 3,2%. Ainsi, la consommation des ménages, bénéficiant de l’accroissement prévu des revenus agricoles et du niveau soutenu des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), devrait connaître un rythme de croissance de 2,4%, avec une contribution de 1,4 point à la croissance économique.
L’État devrait également poursuivre son soutien à l’économie nationale, en misant sur la relance des investissements, à travers une enveloppe historiquement élevée de 300 milliards de dirhams (MMDH).
Dans ce sillage, l’investissement brut devrait progresser de 2,6% en 2023, au lieu de 0,6% en 2022. Sa contribution à la croissance passerait de 0,2 point du produit intérieur brut (PIB) à 0,8 point en 2023.
Par ailleurs, la décélération de la demande étrangère devrait limiter le rythme de croissance en volume des exportations des biens et services à 4,2%.
Conditions de financement serrées, demande des crédits limitée Dans le but de juguler la poussée inflationniste, la politique monétaire s’oriente désormais vers la hausse du taux directeur qui devrait impacter la demande des crédits bancaires qui peinent toujours à retrouver leur dynamique.
L’augmentation des taux d’intérêts devrait impacter négativement l’accès au financement et pénaliser davantage les perspectives d’évolution de l’activité du tissu productif qui demeure en phase de rétablissement et en besoin d’un soutien perpétuel.
A cet égard, les secteurs productifs dont la demande et l’offre sont stimulées par le financement bancaire devraient subir, en plus des répercussions du renchérissement des intrants de production, l’augmentation des coûts des emprunts.
Les crédits à l’économie devraient afficher ainsi une hausse modérée de 3,9% en 2023, au lieu de 6,4% prévue en 2022, et ce tenant compte du niveau actuel des taux d’intérêt, du sentier de croissance économique et de l’évolution du niveau général des prix.
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