Bank Al-Maghrib réduit le taux directeur à 2,75% après quatre réunions consécutives

Bank Al-Maghrib réduit le taux directeur à 2,75% après quatre réunions consécutives

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2024 le mardi 25 juin. Lors de cette rencontre, le Conseil a examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays, ainsi que sur les activités de la Banque pour l'exercice 2023. Il a ensuite analysé l'évolution de la conjoncture nationale et internationale et les projections macroéconomiques à moyen terme de Bank Al-Maghrib.

Sur le plan international, le Conseil a noté la relative résilience de l'activité économique et une diminution des pressions inflationnistes, bien que cette baisse soit plus lente que prévu en mars dernier. Ces perspectives demeurent entourées d'incertitudes élevées, notamment en raison des tensions géopolitiques persistantes et des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.

Au niveau interne, les comptes nationaux annuels publiés par le HCP pour 2023 montrent une accélération des activités non agricoles et une nette amélioration de la consommation des ménages. En tenant compte des indicateurs infra-annuels disponibles, ces données suggèrent une trajectoire de croissance non agricole plus élevée, soutenue à moyen terme par l'augmentation attendue de l'investissement public et privé.

Concernant l'inflation domestique, après des taux de 6,6% en 2022 et de 6,1% en 2023, elle a récemment diminué, principalement en raison de l'atténuation des pressions externes et de la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils. Tenant compte de ces réalisations et de la reprise du processus de décompensation, l'inflation devrait atteindre un taux moyen de 1,5% en 2024 et s'élever à 2,7% en 2025.

La composante sous-jacente de l'inflation, reflétant la tendance fondamentale des prix, est ressortie à 2,1% en moyenne sur les cinq premiers mois de l'année et devrait rester proche de ce niveau jusqu'à fin 2025. Le Conseil a également pris note du bon ancrage des anticipations d'inflation, qui ont enregistré une baisse significative, atteignant 2,7% pour l'horizon de huit trimestres et 2,8% pour celui de douze trimestres, selon l'enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib auprès des experts du secteur financier.

En ce qui concerne la transmission des décisions de politique monétaire aux conditions financières, les taux débiteurs des banques sont restés quasi-stables pour le deuxième trimestre consécutif, avec une augmentation cumulative de 116 points de base depuis le début du resserrement monétaire en septembre 2022.

La hausse des taux a touché davantage les entreprises que les particuliers, et a été moins importante pour les TPME que pour les grandes entreprises. Sur la base de ces considérations, le Conseil a jugé que le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi que les mesures gouvernementales de soutien au pouvoir d'achat des ménages et à certaines activités économiques ont permis de réaliser des progrès notables en matière de retour de l'inflation à des niveaux compatibles avec l'objectif de stabilité des prix, tout en préservant la reprise post-COVID de l'activité économique.

Dans ces conditions, et après avoir maintenu le taux directeur inchangé pendant quatre réunions consécutives, il a décidé de le réduire de 25 points de base à 2,75%.

Le Conseil continuera de suivre de près l'évolution de la conjoncture économique et de l'inflation tant au niveau national qu'international. Sur les marchés internationaux des matières premières, le prix du pétrole devrait légèrement augmenter, passant de 82,2 dollars le baril de Brent en moyenne en 2023 à 84,7 dollars en 2024, puis à 86 dollars en 2025, soutenu par la demande mondiale croissante et les réductions de production de l'OPEP+.

En revanche, le prix du DAP, un dérivé du phosphate, devrait reculer de 591 dollars la tonne en 2023 à 564 dollars en 2024, avant de se stabiliser à des niveaux proches de ceux de 2023 en 2025. Le prix du phosphate brut devrait également diminuer, passant de 271 dollars la tonne en 2023 à 230 dollars en 2024, puis à 212 dollars en 2025.

Les cours des denrées alimentaires, après une contraction de 13,7% en 2023, devraient diminuer de 4,6% en 2024, avant de progresser de 4,3% en 2025. Dans ce contexte, l'inflation mondiale devrait poursuivre sa décélération à moyen terme, passant de 4,7% en 2023 à 3,5% en 2024, puis à 3,1% en 2025. Dans la zone euro, l'inflation devrait ralentir respectivement de 5,4% à 2,5% puis à 2,2%, et aux États-Unis, de 4,1% à 3,3% puis à 2,7%.

Les orientations des banques centrales des principales économies avancées et émergentes connaissent une relative divergence. Certaines ont entamé un processus d'assouplissement, tandis que d'autres continuent de maintenir leurs taux directeurs stables.

Ainsi, dans un contexte de décélération de l'inflation, la BCE a décidé lors de sa réunion du 6 juin d'abaisser ses trois taux directeurs de 25 points de base, après les avoir maintenus inchangés pendant cinq réunions consécutives.

De son côté, la FED a gardé inchangée, pour la septième fois consécutive, sa fourchette cible à [5,25%-5,50%] lors de sa réunion des 11 et 12 juin, dans une conjoncture marquée par une situation toujours favorable sur le marché du travail et des progrès jugés modestes dans l'atteinte de l'objectif d'inflation. En ce qui concerne les perspectives de l'économie mondiale, la croissance devrait décélérer, mais à un rythme moins rapide que prévu en mars dernier.

Aux États-Unis, après une résilience notable en 2023, le PIB devrait augmenter de 2,1% cette année, puis de 1,4% en 2025, reflétant principalement un ralentissement des dépenses de consommation. Dans la zone euro, la croissance devrait s'accélérer tout en restant faible en raison des difficultés du secteur manufacturier en Allemagne et de la consolidation budgétaire. Elle devrait passer de 0,5% en 2023 à 0,9% en 2024, puis à 1,8% en 2025.

Dans les principaux pays émergents, l'économie chinoise devrait pâtir des difficultés de son marché immobilier, de l'endettement élevé des collectivités locales et de la hausse des droits de douane américains. Sa croissance atteindrait 5% cette année grâce en partie à une demande extérieure renforcée, mais devrait décélérer à 4,8% en 2025. En revanche, l'économie indienne devrait rester vigoureuse à moyen terme grâce à l'effort d'investissement public, avec une progression du PIB de 6,8% en 2024 et de 6,6% en 2025.

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