Marrakech : Les défis de la filière agrumicole au cœur du premier Congrès Scientifique

Marrakech : Les défis de la filière agrumicole au cœur du premier Congrès Scientifique

Le secteur des agrumes, l'un des piliers de l’agriculture marocaine, a tenu son premier congrès scientifique les 13, 14 et 15 mai 2025 à Marrakech, sous le thème : « Challenges multiples sur la filière des agrumes : quels leviers pour agir ? ». Cet événement majeur, organisé par Maroc Citrus sous l’égide du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, a rassemblé des professionnels, des institutionnels ainsi que des experts marocains et internationaux.

Maroc Citrus, qui fédère l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du secteur agrumicole, regroupe notamment l’Association des Producteurs d’Agrumes du Maroc (ASPAM), l’Association des Producteurs de Nadorcott au Maroc (APNM) et l’Association Marocaine des Producteurs de Plants d’Agrumes Certifiés (AMAPAC) pour le volet production. Du côté de la valorisation et de l’exportation, elle compte l’Association des Conditionneurs d’Agrumes du Maroc (ASCAM), l’Association Marocaine de l’Industrie de Transformation des Agrumes (AMITAG) et l’Association des Exportateurs d’Agrumes du Maroc (Citrus Export). La filière agrumicole fait vivre plus de 13 000 familles en milieu rural et génère près de 32 millions de journées de travail. Elle contribue également à l’exportation avec plus de 500 000 tonnes expédiées chaque année, tout en alimentant le marché local avec les deux tiers de la production nationale estimée à 1,5 million de tonnes.

Si la filière a montré une grande résilience face aux aléas climatiques, elle n’a pas été épargnée par les dernières années de sécheresse. Une mise à niveau a été nécessaire, marquée par un arrachage massif qui a réduit la superficie exploitée de 128 000 hectares en 2016 à 91 342 hectares en 2024. Malgré cette perte de 30 %, le verger marocain reste jeune et équilibré, avec 50 % des plantations âgées de moins de 15 ans.

Parmi les variétés phares, la Nadorcott se distingue comme un véritable joyau. Développée au Maroc, cette variété est aujourd’hui protégée en Europe et exportée dans plus de 40 pays. Son succès repose sur un rendement optimal, un bon calibrage et un calendrier de récolte avantageux qui s’étend jusqu’à fin avril.

La filière marocaine pourrait regagner des parts de marché à l’export, notamment grâce à la baisse de production du Brésil, principal producteur mondial d’oranges, touché par le virus du Greening. Cette situation pourrait libérer des opportunités pour les exportateurs marocains, en particulier face à la concurrence égyptienne.

Malgré ses atouts, le secteur doit faire face à plusieurs défis. L’accès à l’eau, fragilisé par les sécheresses répétitives, nécessite des solutions durables telles que le dessalement de l’eau de mer et le développement d’infrastructures pour sécuriser l’irrigation. Sur le plan organisationnel, la filière souffre de dysfonctionnements, notamment le morcellement des terres, un pouvoir de négociation limité face aux distributeurs et une logistique perfectible. Le renforcement de l’organisation du secteur, la modernisation des infrastructures et l’amélioration de la structuration du marché sont indispensables pour assurer sa pérennité et renforcer sa compétitivité à l’international.

Le congrès scientifique de Marrakech marque ainsi un tournant pour le secteur des agrumes au Maroc, en posant les bases d’un développement durable et d’une résilience accrue face aux défis climatiques et économiques.

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