Omar Zniber : le Maroc plaide à Genève pour une migration sûre, ordonnée et solidaire

Omar Zniber : le Maroc plaide à Genève pour une migration sûre, ordonnée et solidaire

L’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’Office de l’ONU à Genève, Omar Zniber, a souligné, mercredi à Genève, les trois priorités qui structurent l’action diplomatique et nationale du Royaume en matière de migration.

Intervenant devant le comité permanent des programmes et finances (CPPF) de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), M. Zniber a affirmé que la priorité pour le Maroc est de multiplier les voies de passage légales, en ce sens que la mobilité régulière réduit les risques, alimente l’innovation et entretient un flux de plus de 800 milliards de dollars de transferts de fonds qui dépassent désormais l’aide publique au développement mondiale.

Il s’agit, en deuxième lieu, de répondre aux effets des changements climatiques sur les dynamiques migratoires, a-t-il poursuivi, notant que l’avance prise par le Maroc dans les politiques d’adaptation en Afrique montre qu’anticiper les déplacements climatiques est possible et qu’il s’agit d’un impératif de solidarité internationale.

Troisièmement, porter un discours de vérité, fondé sur des faits positifs, a-t-il ajouté, soulignant que “loin d’être un facteur de crise, la migration représente 4 % du PIB mondial et renforce la résilience démographique des pays d’accueil comme des pays d’origine”.

Ces priorités s’inscrivent dans “une conviction partagée : préserver le mandat et l’intégrité de l’OIM est une mission commune des États”, a relevé l’ambassadeur, soulignant que les pressions financières qui pèsent sur l’Organisation menacent sa capacité à sauver des vies, à produire des données fiables et à soutenir les gouvernements.

“Renforcer l’OIM, ce n’est pas une option : c’est le préalable technique à toute gouvernance migratoire crédible et à toute coopération efficace entre pays d’origine, de transit et de destination”, a-t-il encore insisté.

Dans cette intervention au titre du point 3 relatif au rapport annuel 2024 de l’OIM, présenté par sa Directrice générale, Amy Pope, qui fait état d’une baisse des contributions, M. Zniber a tenu à réaffirmer l’importance de conserver les acquis du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech.

“La revue régionale pilotée par le Réseau onusien sur la migration ainsi que la préparation du Forum d’examen mondial 2026 doivent rester les cadres de référence pour mesurer nos progrès”, a-t-il plaidé.

Rappelant qu’en 2024, la planète a compté plus de 304 millions de migrants internationaux, il a estimé que ce chiffre rappelle deux évidences : “la migration façonne déjà nos sociétés, et l’OIM demeure l’outil collectif le plus efficace pour garantir qu’elle soit gouvernée, sûre et bénéfique”.

Mais “la migration nécessite la coopération”, a-t-il encore relevé, notant qu’aucun État n’a intérêt à agir seul, pas plus qu’aucun ne peut se soustraire aux réalités démographiques et climatiques qui façonneront les mobilités de demain.

“Consolider l’OIM, élargir les voies légales et intégrer la dimension climatique dans nos politiques, voilà les éléments qui permettront de transformer un phénomène inévitable en moteur de prospérité partagée”, a-t-il conclu.

Mme Pope a, pour sa part, remercié le Maroc pour son leadership en vue du Forum mondial sur les migrations prévu en 2026, ainsi que pour ses actions sans égal concernant les effets des changements climatiques.

“Vous avez toujours le rôle de leader des pays champions et avez l’expérience de la migration en tant que pays hôte”, a-t-elle souligné, ajoutant que “⁠l’OIM et moi personnellement apprécient le pragmatisme du Maroc dans la gestion humaine de la migration”.

Le CPPF se réunit généralement deux fois par an dans le but d’examiner et réviser les politiques, les programmes et activités, discuter des questions administratives, financières et budgétaires et aborder tout autre sujet soumis par le Conseil des programmes et des finances (SCPF) de l’OIM.

Ce dernier est un espace central de concertation sur les orientations budgétaires, programmatiques et institutionnelles de l’organisation. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu, cette semaine, une nouvelle session marquée par des enjeux majeurs : redéploiement des ressources vers les zones de crise, réforme de la gestion interne, et renforcement de la coordination avec les autres agences du système onusien.

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