Exposition: Ode à la céramique de Safi
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- 21 avril 2018 --
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La ville de Safi jouit d’une réputation établie depuis longtemps en tant que foyer d’une tradition céramique très ancienne.
Après l’étape initiale, les poteries utilitaires de terre cuite et de facture rudimentaire, se sont métamorphosées en objets, dans lesquels les couleurs et les motifs décoratifs rivalisent avec l'élégance des gables et accèdent à des fonctions décoratives liées à la vie citadine, et à certains usages ménagers.
Cette mutation s’est opérée grâce à l’utilisation des enduits et des émaux destinés à assurer l’étanchéité des récipients et leur ornementation.
Cette évolution de la poterie, à l’époque islamique notamment à partir du 12ème siècle, est liée aux rapports que Safi entretient alors avec la capitale des Almohades, Marrakech, dont elle était devenue le principal port.
Il faut rappeler qu’à Marrakech exerçaient les descendants des céramistes andalous que Youssef Ben Tachfin aurait fait venir de Grenade après son expédition en Andalousie. Aussi les potiers safiots ont-ils probablement bénéficié du savoir-faire de ceux-ci.
A la fin du 12-ème siècle, des pièces en poterie vernissée étaient fabriquées sur place. Il s’agissait spécialement de gourdes utilisées par les pèlerins partant de Safi vers la Mecque, organisés en une confrérie (la fameuse "Taîfa des Houjjaj" fondée par le saint patron de la ville Abou Mohamed Saleh à la fin du 12-ème siècle). Cette taifa semblait attirer particulièrement les artisans locaux et à leur têtes les potiers. La gourde verte était l’un de leur signes distinctifs à côté du chapelet, ainsi que le relève le "Al Minhaj Al Wadih"
.Les vieux "Maâlems" nous apprennent que les habitants de Safi utilisaient déjà au 18ème siècle des carreaux émaillés et des tuiles vertes pour décorer certains édifices, comme en témoignent des mosquées et des mausolées dont la construction date de cette époque.
On ne serait douter qu’on fabrique à Safi comme à Fès des objets en terre vernissée depuis fort longtemps. Mais sur les anciens potiers de cette localité, sur leur technique et production il n’y a pas eu d’études approfondies. D’ailleurs, ces poteries émaillées d’autrefois on ne les trouve plus, à part quelques pièces auxquelles on pourrait attribuer plus d’une centaine d’années et qui sont conservées jalousement par de rares collectionneurs ou par les descendants des maîtres céramistes de ces temps révolus.
Si l’industrie de la Céramique a pris son essor à Safi au 19ème siècle, c’est qu’elle a bénéficié de la leçon des potiers fassis, eux même influencés par les artisans andalous qui, chassés d’Espagne à la fin du 16ème siècle, étaient venus s’installer à Fès. Ces derniers avaient apporté de nouvelles techniques.
Ils avaient, par leur talent, donné à cette activité un grand prestige et avaient formé à leurs innovations quelques disciples.
Selon les renseignements qu’il a été possible de recueillir auprès des vieux "Maâlems safiots", ce fut Hadj Mohammed El Ghammaz, l’Amine de la corporation des potiers, qui fit venir à Safi, au 18ème siècle un descendant de ces céramistes fassis. L’histoire a conservé le nom d’un certain Hadj Abdeslam Lengassi.
La rédaction
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